La Voûte aux VHS

Tous les mauvais films que vous pensiez avoir oublié...

Saturday, April 29, 2006

The Perfect Killer (1976)

*Originalement paru sur le Club des Monstres*

THE PERFECT KILLER aka Quel Pomeriggio Maledetto aka Objetivo : Matar aka Power Kill aka The Satanic Mechanic aka Profession : Tueur - Mario Siciliano (as Marlon Sirko), 1976, Italie, 1h28



Harry, un gentil tueur (Lee Van Cleef) au nez pointu sur le point de dévaliser un bookmaker, est trahi par son partenaire à la dernière minute et se fait coffrer pendant que le traître s'enfuit avec sa donzelle (Carmen G. Cervera, qui a des airs d'Anita Strindberg). Sept ans plus tard, il sort de prison grâce à un coup de pouce de "l'Organisation", et il revient à ses premiers amours, l'assassinat, afin d'acquitter sa dette.

Ses contrats le mèneront un peu partout dans le monde, jusqu'à ce qu'un travail qui tourne mal le force à refuser ses contrats. Un jeune loup de l'Organisation est alors envoyé sur ses traces alors qu'Harry se débat avec les personnages douteux ayant peuplé son passé...

On peut dire ce qu'on voudra, mais on ne s'ennuie nullement avec ce thriller italien explosif et vivement rythmé. Lee Van Cleef personnifie un héros sympathique, qui a des valeurs et qui ne se laisse pas marcher sur la tête. Les retournements et les scènes d'action s'enchaînent à une vitesse idéale, évitant de s'attarder sur de lourdes explications ou sur des scènes inutiles.

Carmen G. Cervera donne une fort bonne performance de vipère, étant malmenée à plusieurs reprises et n'hésitant nullement à laisser tomber ses fringues pour la bonne cause. Alberto Dell'Acqua est parfait dans la peau d'un jeune tueur arrogant et maniéré, et Fernando Sancho fait une apparition à la fin, dans la peau d'un gros bonnet.

La finale-choc en vaut la peine, et la musique coup-de-poing de Stelvio Cipriani, qui rappelle ses meilleures pièces pour SOLAMENTE NERO ou encore CONTRAT POUR LA MORT D'UN FLIC, agrémente l'action et la romance avec un groove irrésistible qui cadre merveilleusement avec la garde-robe et les décors dans lesquels évoluent les personnages. Il est à noter que la version distribuée au Québec sous le titre PROFESSION : TUEUR est présentée dans un format panoramique tout à fait époustouflant. Voyez-y !

Friday, April 28, 2006

Paris Sex Murders (1973)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

PARIS SEX MURDERS aka The Bogeyman and the French Murders aka Murder in Paris aka Casa d'Appuntamento - Marius Mattei, 1973, Italie, 1h24.



À Paris, un jeune homme un peu violent qui avait été interdit au bordel de Madame Colette (Anita Ekberg, que l'on a pu admirer dans toute sa splendeur dans LA DOLCE VITA de Fellini) parvient à y entrer de nouveau et essaie de convaincre sa petite amie (la pétillante Barbara Bouchet) de se sortir de là. Elle refuse et il la bat sauvagement. Peu après, le cadavre de Barbara est retrouvé dans sa chambre. Évidemment, on pointe du doigt son petit ami, qui est arrêté au terme d'une courte chasse à l'homme. Il sera condamné à mourir la tête tranchée par la guillotine, et lancera avant de mourir une malédiction sur les cinq témoins ayant déposé contre lui.

Ce thriller italien de grande envergure fait aujourd'hui figure de curiosité tant en raison de son récit inhabituel que des "stars" qui y figurent. Tout d'abord Robert Sacchi, qui joue l'inspecteur de police, et qui est un sosie criant d'Humphrey Bogart ! À un point tel qu'on dirait Bogart sorti de sa tombe pour l'occasion. Mattei a été le premier à exploiter cette ressemblance surnaturelle, mais pas le dernier, car Sacchi a passé le reste de sa carrière à personnifier le grand Humphrey ou à exploiter ce mimétisme.

Howard Vernon nous offre une présence inquiétante, et se surpasse dans la dernière scène. Il est toujours curieux de l'entendre parler anglais. Son personnage de Waldemar serait-il un hommage dissimulé à Paul Naschy ? Barbara Bouchet, la première prostituée à être tuée, pour le plus grand malheur de ses admirateurs, est comme toujours resplendissante, et nous offre ses longues jambes en pâture. Rosalba Neri, une des nombreuses reines de la série B italienne, interprète un numéro de cabaret plutôt terne. Le film en entier est truffé de séquences gores qui lui ont valu d'être banni de Norvège; avec les apôtres du Dogme 95 les choses ont bien changé depuis... Nous sommes en droit de nous demander pourquoi la scène du tribunal est presque entièrement tournée en négatif; seule la postérité y répondra.

Tout cela est brillamment monté par Bruno Mattei, qui a visiblement un lien de parenté avec le réalisateur, et qui allait plus tard réaliser quelques classiques de série Z comme VIRUS CANNIBALE ou encore LES MUTANTS DE LA DEUXIÈME HUMANITÉ. La musique bien groove signée Bruno Nicolaï, compositeur attitré de Jess Franco et conducteur fétiche de Morricone, met du baume au coeur et on y reconnaît même certains sons que Nicolaï réutilisera avec bonheur dans UNE VIERGE CHEZ LES MORTS-VIVANTS.

Thursday, April 27, 2006

Le Marquis S'Amuse (1981)

*Originalement paru sur le Club des Monstres*

Le MARQUIS S'AMUSE aka Il Marchese del Grillo - Mario Monicelli, 1981, Italie, 2h15



Alberto Sordi est le Marquis Del Grillo, un personnage farceur, lubrique et légèrement chauve qui essaie tant bien que mal de vivre sa noblesse with a twist. Il vit avec sa mère, une cousine pieuse et une armée de domestiques, qu'il dirige d'une main de fer lorsqu'il n'est pas en train de leur jouer de vilains tours. Un de ses tours les plus magistraux est de trouver un charbonnier qui est son sosie ébahissant, de le ramasser dans le fond d'un parc alors qu'il tient une cuite monumentale, et de le mettre dans son lit à sa place sans aviser sa famille, ni le charbonnier lui-même ! Toutefois, ses blagues idiotes et sa soif de chair féminine finiront par se retourner contre lui.

On aurait pu s'attendre, avec le titre et la jaquette, à ce que cette comédie bon vivant sur la noblesse italienne en soit une érotique, mais non, pas du tout ! Il y a bien sûr quelques demoiselles dévêtues, mais leurs déambulations sont filmées sans passion, comme si c'était là un geste tout à fait banal que d'enlever sa robe devant un marquis.

Le personnage d'Alberto Sordi, considéré comme un énorme acteur comique dans son pays d'origine, donne ici une performance tout à fait honorable. Sa suffisance et ses manières agacent de prime abord, puis le personnage nous devient tout à fait sympathique à mesure que ses traits se dessinent, subtilement, devant nos yeux. Son interprétation des différences entre un charbonnier et un marquis est tordante, et il est légèrement dommage que le doublage français du film ne nous en laisse pas apprécier toutes les subtilités. Sordi a été la tête d'affiche des NOUVEAUX MONSTRES du trio Scola / Risi / Monicelli, en '77, et a réalisé en '82 JE SAIS QUE TU SAIS, avec Monica Vitti.

Côté jeunes filles, on a droit aux formes invitantes de Caroline Berg, une superbe française qui est aussi apparue dans TAIS-TOI QUAND TU PARLES en '81 et dans ÇA VA FAIRE MAL ! de Jean-François Davy en '82. Sinon, pas grand chose à se mettre sous la dent à part les apparitions de Jacques Herlin et Marc Porel...

LE MARQUIS S'AMUSE est une production plutôt épique, commentaire social à plusieurs niveau, qui questionne les valeurs de la société italienne qui semblent s'être figées dans le temps depuis l'époque où se déroule le film. Sordi y est magistral, et les rebondissements multiples font que le 135 minutes que dure le film passe en un éclair. Une très bonne comédie "à l'italienne", donc !

Tuesday, April 25, 2006

Hot Playmates (1974)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

HOT PLAYMATES aka Carnalità aka Naked and Lustful aka Obsessions Charnelles - Alfredo Rizzo, 1974, Italie, 1h45



Ah, ces italiens... On nous présente d'emblée un riche bureaucrate, dont la femme est gravement malade, qui prend soin d'elle avec une "assistante" qu'il se tape volontiers pendant que sa femme délire sous lourde médication dans la pièce voisine. La brunette (Femi Benussi) est sa maîtresse "officielle" et son excitation est accrue avec le risque que le pot-aux-roses soit découvert. Notre "héros" lui, plutôt peu impressionné par cette aventure convenue, se tape pour se distraire sa blondasse de secrétaire, déclenchant la fureur jalouse de Femi. Elle le surprend en train de tripoter la domestique, puis une petite blonde innocente (Erna Schürer) qui traîne dans le coin pour l'été. Le col blanc tombera rapidement amoureux de celle-ci, négligeant autant sa femme que ses nombreuses maîtresses, au grand dam de celles-ci.

Un "homme à femmes" trahit une mentalité typiquement italienne; il est correct pour un mâle de tromper sa femme "à tour de bras", ça l'auréole même d'un certain prestige, alors qu'une demoiselle aux moeurs dites légères passe pour une putain ! On a là un bien étrange paradoxe, duquel Alfredo Rizzo se moque éperdument, heureusement ! Femi Benussi - que l'on a aperçu dans C'EST PLUS FACILE DE GARDER LA BOUCHE OUVERTE en 1974 - joue la parfaite femme soumise, qui est prête à tout pour son amant et qui accepte les pires sacrifices, les infidélités et le mensonge. Erna Schürer, jolie jeune blonde, qui se révèle être une insatiable poupée, est au départ angélique et innocente, et deviendra finalement l'instrument de la perte de notre ami bureaucrate. Les autres accomplissements cinématographiques d'Erna incluent le STRIP NUDE FOR YOUR KILLER (75) de Bianchi et DEPORTED WOMEN OF THE SS SPECIAL SECTION (76) de Di Silvestro.

Mario Pisu, qui fait aussi son apparition, est rescapé de productions telles que SANS SOMMATION de Bruno Gantillon, en '73, et le plus connu THE BOSS, de Fernando Di Leo, aussi en '73. Le réalisateur, quant à lui, n'a pas dirigé grand chose de notable, à part peut-être le fameux BLOODSUCKER LEADS THE DANCE - connu au Québec sous le titre LA MALÉDICTION DES MARNAK. Par contre, il a été combattant de la résistance, en tant qu'acteur, dans le légendaire HOLOCAUSTE NAZI de notre ami Luigi Batzella, en '77 ! Il est aussi apparu dans deux des Nico Giraldi de Corbucci, notamment SQUADRA ANTIMAFIA en '78 et DELITTO AL RISTORANTE CINESE en '81.

HOT PLAYMATES, donc, pour revenir à mon sujet de discussion initial, est une comédie italienne classique, où la mise en place laborieuse des événements est bien vite oubliée au profit d'un carnaval de chair féminine et où le retournement final surprend, ah ces italiens !

Monday, April 24, 2006

Je Sais que tu Sais (1982)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

JE SAIS QUE TU SAIS aka Io So Che Tu Sai Che Io So aka I Know That You Know That I Know - Alberto Sordi, 1982, Italie, 1h36



Un employé de banque (Alberto Sordi) tout à fait banal mène une vie rangée; il habite un superbe appartement avec terrasse à Rome avec sa femme (Monica Vitti) et sa fille, vient d'être plaqué sans grandes conséquences émotives par sa maîtresse et secrétaire, et se comporte globalement avec une rare inconscience. Il ne rate pas un seul match de foot à la télé, au détriment de ses relations interpersonnelles immédiates.

Seulement, sa femme songe à le quitter, sa fille est héroïnomane, et j'en passe des moins drôles ! Il apprendra tout ça singulièrement, suite à la méprise d'un détective privé qui s'occupera de la filature de sa femme pendant six semaines, filmant ses moindres allées et venues. Lorsqu'il mettra la main sur une valise bourrée de bobines lui révélant tous ces secrets qu'il ignore, sa vie prendra un tout nouveau sens à ses yeux. Serais-ce une illumination ?

La rédemption, le regret, et l'incapacité de changer des périodes que l'on a vécu en état d'apesanteur indifférente, voilà quelques thèmes de cette comédie dramatique italienne qui gagnerait à être connue. Sordi y interprète un abruti typique, qui se "réveillera" peu à peu vis-à-vis de son entourage et qui, espérons-le, deviendra un homme meilleur.

Le rythme du film est conçu en crescendo, les surprises devenant de plus en plus importantes à mesure que le film avance, mais la dernière "révélation" déçoit, Sordi réalisateur se comportant comme un véritable italien, avec tout ce que cela implique de machisme et d'aveuglement.

Sa performance semble par ailleurs excellente - il est toutefois difficile de juger la chose avec le doublage français discutable... Lui qui a été principalement acteur a aussi réalisé et écrit bon nombre de films, a donc été une figure emblématique de la comédie italienne populaire, et ce dès 1937. Il s'est malheureusement éteint en février 2003, mettant un terme à une vie de comique et d'acteur bien remplie.

Monica Vitti, en épouse pleine de secrets, est parfaite. Elle n'est plus très fraîche, 1982 oblige, mais tient encore la "forme" et son derrière est fort bien moulé dans ses jupes. Elle a été presque résidente dans l'oeuvre d'Antonioni, et a très vite collaboré avec Sordi, entre autres dans THE COUPLES, en '70. Elle était du FANTÔME DE LA LIBERTÉ de Bunùel en '74, et a participé dès lors à bon nombre de comédies paillardes au courant des années '80, jusqu'à ce que l'industrie cinématographique italienne devienne la triste chose qu'elle est aujourd'hui, un ramassis d'artisans télé sans grande envergure.

Piero Piccioni signe une musique joyeusement bondissante, qui surgit même dans les moments dramatiques les plus incongrus, enlevant à l'ensemble une tranche de sérieux et mettant le spectateur à l'aise de rire de toutes ces tuiles pas drôles du tout qui tombent sur la tête de Sordi. Voilà donc un drame qui met de bonne humeur, denrée rare sur laquelle il serait triste de ne pas se jeter !

Saturday, April 22, 2006

La Fille de Trieste (1983)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

La FILLE DE TRIESTE aka The Girl From Trieste aka La Ragazza di Trieste - Pasquale Festa Campanile, 1983, Italie, 1h53



Dino Romani (Ben Gazarra) dessine au bord de la plage lorsqu'un certain remue-ménage le tire de ses rêveries : une femme (Ornella Muti) est en train de se noyer et de braves sauveteurs improvisés la ramènent sur la rive. Elle survivra, moins amochée que prévu, et tombera dans l'oeil de Dino. Paraît que c'est réciproque puisque celle-ci le suit jusque chez lui, et en profite pour se foutre à poil une fois qu'il lui offre à boire. Ça sera le début d'une belle relation teintée de schizophrénie, de crises de panique et d'une certaine nymphomanie, Muti étant en fait un drôle d'animal dont la caboche renferme de drôles d'insectes.

Curiosité cinématographique oscillant entre érotisme et mélodrame pur et simple, LA FILLE DE TRIESTE fut adapté par Campanile d'un de ses propres romans. Nous sommes en droit de questionner l'intérêt - ou le but - d'une telle histoire, car il se passe une bonne heure avant que quelque chose de significatif se produise, et les conséquences sont ensuite plus que futiles. Toutefois, le visionnement en vaut la chandelle pour trois raisons plus que valables : la plastique de Muti, constamment exposée; le casting étonnant; les quelques moments d'angoisse habile que génère l'impressionnante finale.

La Nicole de Muti agace dès le départ, avec ses caprices et ses sautes d'humeur. On se demande comment un homme tel que Gazzara peut supporter ça sans lui foutre une bonne paire de baffes de temps à autres. Peut-être en souvenir des CONTES DE LA FOLIE ORDINAIRE, tournés ensemble en '81 sous l'égide de Ferreri, mais leur relation dans cette dernière oeuvre était aussi débalancée !

Muti, donc, qui se dévêt ici plus souvent qu'on ne lui demande, elle qui fut un jour nommée "plus belle femme du monde", elle dont la poitrine hors du temps se dresse fièrement... Elle était déjà THE MOST BEAUTIFUL WIFE en '70, premier rôle dans son premier film, sous la direction de Damiano Damiani. Et elle eut en effet une carrière centrée sur son angélique visage, tournant dans THE LAST WOMAN de Ferreri en '76, se prêtant au jeu de la "bimbo" dans FLASH GORDON en '80...

On voit aussi apparaître Andréa Ferréol, autre habituée de la série B italienne, et William Berger. Romano Puppo, grand barraqué de service qui a crié présent dans toutes les productions majeures de Castellari, joue ici le patron du bar donnant sur la plage, qu'on ne voit pas beaucoup. Mimsy Farmer, qui a tourné pour Argento (FOUR FLIES ON GREY VELVET), Ferreri (BYE BYE MONKEY), Armando Crispino (AUTOPSY), Ruggero Deodato (CONCORDE AFFAIR) et Fulci (THE BLACK CAT) est ici la maîtresse peu utilisée de Gazzara. Finalement, Jean-Claude Brialy arrive sous les traits du psychiatre de Muti, lui qui a une filmographie tellement impressionnante que je me contenterai de mentionner qu'en plus du film dont je parle, il a participé à 8 autres longs métrages en '83, dont MORTELLE RANDOMMÉE de Miller, LE DÉMON DANS L'ÎLE du regretté Leroi, et ÉDITH ET MARCEL de Lelouch !!

Casting de choc donc, qui pourrait laisser croire qu'on s'est forcé sur tous les plans... Mais non ! Le personnage de Gazzara est mollement interprété, il se contente de regarder la belle Ornella sombrer dans la folie en inclinant la tête, les mains dans les poches de sa stupide veste coloniale. Campanile, lui, se contente de réaliser mollement, et le pire est sans doute la musique de Riz Ortolani, bouillie sirupeuse répétivive et indigeste.

À 1h53, le film est disons inutilement long, mais tout de même curieux, ce qui garde l'intérêt du spectateur en éveil jusqu'à la toute dernière scène, particulièrement réussie, au climat angoissant, comme si tant Campanile qu'Ortolani s'étaient subitement réveillés et avaient voulu terminer ça avec un coup de trépied dans l'oeil de leur public.

Tuesday, April 18, 2006

La Gorille (1982)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

La GORILLE aka La Gorilla aka La Guardia Del Corpo - Romolo Guerrieri, 1982, Italie, 1h43


Une demoiselle a la charpente bien solide (Lory Del Santo) sert de garde de corps à diverses personnalités qui l'embauchent par le biais de son père, un sportif idiot et frisé qui tient absolument à la marier à un abruti d'haltérophile. Elle rencontre un photographe / dessinateur maladroit en faisant son épicerie, et un mini-coup de foudre a lieu. Ils devront apprendre à se connaître à travers de nombreux obstacles tant physiques que familiaux, de la maladresse du beau prétendant à l'omniprésence de sa voisine à poil chez lui - il la "photographie" - en passant par la jalousie et l'égoïsme de la belle gorille, qui aime bien crâner du haut de ses interminables jambes avec ses cheveux frisés.

Pur produit italien estampillé années '80, cette comédie se regarde bien, si on ne dédaigne pas être témoin d'une enfilade de sketches plus ou moins réussis où quelques acteurs pas très comiques font les pitres d'une manière peu convaincante.

Le rythme n'est pas très vif, et le seul "fil conducteur" est cette romance sans intérêt entre Lory Del Santo et son idiot de prétendant. Les compétences dramatiques, règle générale, ne sont ici pas très élevées, et le burlesque forcé de la plupart des scènes comiques ne fait même pas sourire. On dirait que Guerrieri a lancé une idée en l'air, de faire, à l'exemple de Di Leo pour URSULA LA DÉVASTATRICE, une comédie mettant en vedette une femme forte, sans avoir plus d'éléments que ça à ajouter à l'ensemble !

On aperçoit certes quelques nichons ou fessiers ici et là, mais rien de bien palpitant en vérité. Dommage de voir que Lory Del Santo, miss Italie '80, ait gaspillé ses "talents" dans de telles entreprises. Elle qui tâtait du crocodile sous la direction de Sergio Martino dans THE GREAT ALLIGATOR en '79, elle n'a par la suite pas fait grand chose outre ces comédies italiennes douteuses qui, avec les années filantes, semblaient devenir de moins en moins originales, menant lentement au triste déclin de l'industrie cinématographique italienne...

Guerrieri lui-même est un bon exemple de "déclin". Auteur d'un film certes mou, mais quand même bourré de bonnes intentions (LES FÉROCES), il termina sa carrière d'artisan au service du gag facile et du nichon gratuit, paradis des abrutis vers lequel se sont tournés maints génies ritals. Le pire dans tout ça, c'est que ça fait quand même plaisir à voir, allez comprendre !

Saturday, April 15, 2006

Eva la Vierge Sauvage

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

EVA LA VIERGE SAUVAGE aka Eva, la Venere Selvaggia, aka Eve, the Wild Woman, aka King of Kong Island - Roberto Mauri, 1968, Italie, 1h32



Burt, un mercenaire noueux (Brad Harris) se fait tirer dans le dos par un supposé collègue à l'issue d'un vol à main armée à Nairobi, en Afrique. Il ne meurt pas et, trois ans plus tard, est de retour pour se venger. Il fait un bref séjour chez un couple d'amis, dont la fille Diana a mûri et est devenue une jolie brunette en mini-jupe. Lors d'un safari auquel il ne participe pas, quelques jours plus tard, Diana est enlevée par des gorilles, sous les yeux de son frère (parce qu'elle en a un) ! Un scientifique fou, précisément le mec qui a trahi Burt, a conditionné les gorilles à lui obéir, et se sert de cet enlèvement autant pour avoir sous la main les beaux yeux de Diana que pour attirer son mercenaire amer au coeur de la jungle. Burt tombera-t-il dans le piège ?

Voici une fort abracadabrante production italienne, qui mélange plusieurs éléments habituellement compartimentés pour en faire un film à la limite du non-sens. Le récit est certes fort maîtrisé, mais ne manque pas de temps morts, ni d'absurde concentré ! On sent parfois le remplissage, lors d'une scène de chirurgie primate, par exemple, où chaque geste du savant fou est répété jusqu'à l'écoeurement.

On a donc droit, en vrac, à une vengeance de mercenaire; à un safari sauvage, avec stock-shots divers d'animaux de la jungle; à des gorilles contrôlés par ordinateur (en '68 !!); à une pseudo-romance impossible entre une fille de la jungle, muette et sans vêtements, et Burt le mercenaire, qui préfère sans doute les messieurs... J'oublie sans doute des sous-intrigues diverses de trahisons et de petites histoires d'accouplement sous le soleil africain...

La musique de Roberto Pregadio est mélodieuse, elle coule bien et sied parfaitement aux costumes yé-yé de ces demoiselles, particulièrement lors d'une scène de "nightclub" ahurissante où notre héros Brad Harris, originaire de l'Idaho, qui a joué les gros bras dans bon nombre de productions européennes des années '60 et '70, se trémousse d'une façon qui laisse croire que ses muscles prennent trop de place sur son corps et réduisent sa "mobilité" !! Ô surprise, le bellâtre est aussi apparu dans GIRL IN ROOM 2A en '73, et dans le désormais classique THE BEAST IN HEAT, de Batzella, en '77.

Les demoiselles du récit ne manquent pas de mordant elles non plus ! Esmeralda Barros, une brésilienne, la Èva du titre, se ballade seins nus, cheveux stratégiquement placés devant les mamelons, et sourit niaisement sans jamais dire un mot. Elle est surprise que notre Burt ne la prenne pas sauvagement, mais après tout elle est supposée être vierge, et le bracelet de cuir que porte le gym queen devrait lui mettre la puce à l'oreille... Elle est aussi apparue dans EVEN DJANGO HAS HIS PRICE en '71 et dans, coïncidence, THE DEVIL'S WEDDING NIGHT, en '73, aussi de Batzella !

Adriana Alben, brunette à la poitrine impressionnante, qui est ici belle-mère de la jolie Diana et l'ex-maîtresse de Burt, sait mettre ses charmes en valeur et se ballade en sous-vêtements sans que personne ne lui en fasse la remarque. Sa carrière est malheureusement bien mince et elle n'est apparue que dans une poignée de films au cours des années, dont le ZENABEL de Deodato en '69. Ursula Davis, qui interprète Diana, est quant à elle apparue dans quelques péplums dont SPARTACUS AND THE TEN GLADIATORS, en '64, avant de malheureusement disparaître dans l'oubli - elle était pourtant bien mignonne.

Roberto Mauri, réalisateur de péplums dans les années '60, qui s'est ensuite lancé à l'exemple de nombre de ses camarades de genre dans le western, filme comme il peut cette histoire un peu bancale, sans grande conviction, mais c'est l'intention qui compte ! Si on considère que la finale déstabilisante d'hilarité comporte deux fois plus de retournements de situation que le film en entier, que les gorilles mis en "vedette" tout au long du film sont d'affreux costumes renfermant des acteurs anonymes et probablement souriant de toutes leurs dents, et qu'un certain racisme imprègne l'ensemble, racisme qui semble coutumier aux italiens à cette époque, on a devant nous un visionnement épique qui arrachera quelques rires aux gens qui auront résisté au sommeil. Si on ajoute un simili message écologique de préservation de la faune sauvage, on obtient donc une production atypique et digne de mention, que l'on déguste à petites doses sans s'attendre à une révélation.

Phrases cultes du film :

-Diana à son frère, en route vers le safari : "L'important, c'est de faire des choses défendues !"

-Un des guides noirs dans la jeep, s'adressant à ses employeurs : "Ici, y'a bon la chasse !"

Tuesday, April 11, 2006

Dans les Replis de la Chair (1970)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

DANS LES REPLIS DE LA CHAIR aka Folds of the Flesh aka Nelle Pieghe Della Carne aka Las Endemoniadas - Sergio Bergonzelli 1970, Italie, 1h27



Un motocycliste traverse la campagne italienne à toute allure, avec sur ses traces des voitures de police. Il se réfugie sur le terrain d'une villa de bord de mer où une jolie femme s'active à creuser un trou pour enterrer un cadavre mais est bientôt pris par les policiers, qui ne suspectent rien du drame qui se jouait dans la villa. Treize ans plus tard, le prisonnier (Fernando Sancho) revient à la villa pour opérer un chantage, mais les choses ne se passent pas exactement comme il l'avait prévu...

Davantage un thriller qu'un giallo, ce film de Sergio Bergonzelli co-écrit par Fabio de Agostini (Red Nights of the Gestapo) est plus qu'intéressant visuellement. Le montage alerte bourré d'effets amusants étonne; les effets kaléïdoscopiques des flashbacks, filmés dans des teintes pastel fort psychédéliques, valent leur pesant d'or. L'utilisation récurrente des plans en diagonale vient donner à l'ensemble un effet saisissant, et la technique raffinée et la direction photo exemplaire viennent couronner le tout. On a droit en prime à de fort jolies actrices, dont on ne révèle hélas que rarement les charmes.

Tout cela aurait pu être une perfection absolue si ça n'avait été du scénario à coucher dehors, surchargé de retournements inutiles et improbables qui finissent par donner le vertige. À la limite de l'incompréhension, l'intrigue semble avoir été échafaudée afin de déstabiliser constamment le spectateur et ça fonctionne si bien que ça en devient agaçant. Demeurent la performance amusante de Fernando Sancho, quelques flashbacks à la limite de l'hallucination - dont celui du camp nazi - et des meurtres imaginatifs et très habilement mis en image. Et une musique psyché fort agréable.

Monday, April 10, 2006

Confessions of a Frustrated Housewife (1976)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

CONFESSIONS OF A FRUSTRATED HOUSEWIFE aka La Moglie di Mio Padre aka Laura aka My Father's Wife - Andrea Bianchi, 1976, Italie, 1h27



Antonio (Adolfo Celi) aime sa femme Laura (Caroll Baker), mais chaque fois qu'il essaie d'honorer son devoir matrimonial, ça ne lève pas ! Son docteur (Luigi Pistilli) soupçonne le surmenage, et lui prescrit de se "détendre" avec des jeunes femmes. Prescription qui, bien entendu, fonctionne lorsqu'Antonio se trouve avec les jeunes femmes en question, mais n'apporte aucune amélioration à sa relation avec Laura ! Le docteur lui prescrira donc une nouvelle idée, aussi bête que la première : rapatrier recta son fils, qui fait ses études aux États, en Italie - afin que ce dernier puisse lui donner un coup de main à l'usine, et ainsi alléger son stress et sa bite, pourquoi pas !

Andrea Bianchi nous torche ici un drame efficace avec des scènes de lit réalistes, ce qui était plutôt rare à l'époque. Un drame qui n'échappe pas à l'exploitation, certes, mais qui se trouve quelques ligues au-dessus des productions habituelles ! Autant par la mise en image ingénieuse que les interprètes de qualité ! La direction photo impeccable de Franco Delli Colli nous donne souvent droit à des jeux de couleurs fort stylisés qui changent selon l'humeur des personnages, et la trame sonore étonnamment sobre et prenante des frères De Angelis accentue l'atmosphère de chaque scène. Entre autres lors d'une irréelle scène d'échange de couple dans une fête, moment fort du film, alors que les lumières sont tamisées et que chacun, silencieusement, va se choisir une proie et fricote dans l'obscurité.

Carroll Baker, une habituée des productions psychédéliques (entre autres aperçue dans KNIFE OF ICE en '72 et SO SWEET... SO PERVERSE en '69, muse des gialli de Lenzi, première époque) s'en tire ici avec les honneurs, interprétant une femme qui a ses "besoins" et ses faiblesses... Elle fait face à un Adolfo Celi en grande forme, qui traîne son impuissance comme une malédiction, et qui préfère la jeune chair à cette femme qu'il a déjà conquise et qui ne représente pour lui aucun défi. Vilain de THUNDERBALL et véritable légende de la série B italienne ayant interprété un nombre incalculable de rôles mémorables, Celi est ici majestueux, interprétant avec finesse un homme plein de nuances et de contradictions qui ne sait pas quelle attitude adopter pour sauver son couple et qui terminera en bout de ligne complètement dépassé par les événements, et accablé par son destin.

Une galerie fort intéressante de personnages "secondaires" vient ici peupler l'oeuvre, entre autres Luigi Pistilli - qui fut de la partie dans le MILAN CALIBRE 9 de Di Leo en '72, la même année où il apparaissait dans GENTLY BEFORE SHE DIES, giallo standard de Sergio Martino - dans le rôle du médecin de famille aux prescriptions douteuses... On y croise aussi Femi Benussi en femme au foyer sexy, elle qui a joué sous les ordres de Mario Bava dans HATCHET FOR THE HONEYMOON en '70 et aux côtés de Tòmas Milian dans SYNDICATE SADISTS de Lenzi, en '75... Et finalement, Cesare Barro, un bellâtre qui interprète avec conviction le fils d'Antonio, qui roule dans une Porsche vraiment classe et qui n'a pas eu une grosse carrière, apparaissant notamment dans le VIOLENCE FOR KICKS de Sergio Grieco en '75.

Avec sa finale typiquement surprenante, CONFESSIONS OF A FRUSTRATED HOUSEWIFE est une énorme surprise, un film à la fois mature et trash, qui traite de la fidélité matrimoniale avec un aplomb rarement vu. Bianchi signe là l'un de ses plus beaux films, lui qui n'est pourtant pas reconnu pour donner dans la dentelle - des oeuvres telles que BURIAL GROUND, MALABIMBA THE MALICIOUS WHORE ou encore STRIP NUDE FOR YOUR KILLER en sont la preuve... J'ai visionné le superbe print widescreen de Something Weird Video, qui comporte malheureusement quelques coupures au niveau de l'image et du son, ce qui nous empêche de saisir certaines phrases.

Saturday, April 08, 2006

Blonde in Black Leather (1975)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

BLONDE IN BLACK LEATHER aka Qui comincia l'avventura aka Une BLONDE, Une BRUNE & Une MOTO- Carlo DiPalma, 1975


La curiosité nous en fait parfois voir de toutes les couleurs. Aussi étais-je fortement intrigué en trouvant ce film dans les poussiéreuses caves du Vidéogie. On le créditait à Carlo DiPalma, le directeur photo régulier de Woody Allen depuis SEPTEMBER. Étais-ce le même ?

Incertain, j'en ai eu le coeur net et je l'ai tout de même loué. Et je n'ai pas vraiment regretté. Le film en soi est une sympathique comédie, parfois forcée, et parfois pas drôle du tout - vous connaissez les italiens - mais les deux actrices, Claudia Cardinale et Monica Vitti, sont assez jolies pour faire supporter à n'importe quel spectateur les moments moins intéressants. On voit déjà poindre la maîtrise de la caméra de Di Palma, et la musique de Riz Ortolani, sans être grandiose, se laisse apprécier.

Les péripéties de nos deux demoiselles en cavale - le titre français étant UNE BLONDE, UNE BRUNE & UNE MOTO - tombent souvent dans le fantaisiste, et c'est parfois réussi, et parfois moins. La finale, cependant, vient remettre les pendules à l'heure et nous replonge abruptement dans la dure réalité des sous-couches sociales des "petits" travailleurs italiens. Ce qui laisse entendre que le réalisateur prescrit la fantaisie pour se sortir des situations difficiles...

Ma vie ne s'en trouvera pas changée, mais la prescription du Dr. Di Palma m'a quand même fait passer un bon moment, et un bon moment de nos jours, ça ne se refuse pas.

Friday, April 07, 2006

La Bagarre du Samedi Soir (1975)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

La BAGARRE DU SAMEDI SOIR aka Il Tempo Degli Assassini aka Season for Assassins - Marcello Andrei, 1975, Italie, 1h27


Pierro (Joe Dallesandro) est une petite frappe italienne comme on les aime, macho comme c'est pas possible, impulsif et règle générale irrespectueux envers à peu près tout le monde. Il mène son gang de jeunes couillons par le bout du nez, les amenant faire des ballades dans sa caisse pourrie et se servant d'eux pour diverses tâches aussi variées que : sacrer des volées à d'autres jeunes, vandaliser le voisinage, voler des voitures...

Il y a quelque part un inspecteur de la police qui commence à en avoir plein le cul. Katroni (interprété par Martin Balsam) cherche un moyen de mettre la main sur les voyous, mais la loi a des limites et sa frustration devant son impuissance grandit de jour en jour. Tandis que Pierro perpétue une longue tradition de couillons entre une jeune innocente dont il profite et sa femme (Magali Noël), qui tapine afin de payer les médicaments de son fils malade, la traque s'organise.

Voilà un polar italien intéressant sous bien des aspects, notamment son casting. 

Joe Dallesandro tourne ici sans Warhol à ses côtés, pour une des premières fois (il a aussi été du tournage de ONE WOMAN'S LOVER, de Sergio Bazzini, en '74) mais certainement pas la dernière. Il allait apparaître la même année que LA BAGARRE dans un thriller de Pasquale Squittieri, L'AMBITIEUX, mais c'est une autre histoire, que je vous raconterai volontiers une fois que j'aurai vu le film en question.

Le policier aigri, Martin Balsam, a joué un rôle fort similaire dans CONFESSIONS OF A POLICE CAPTAIN de Damiano Damiani, en '71, et allait aussi jouer son antagoniste dans le COUNSELOR AT CRIME d'Alberto de Martino en '73. Curieusement, la même année où il apparaît dans LA BAGARRE, il tourne aussi CRY ONION !, le spaghetti western parodique - et introuvable - de Castellari. Éternel commissaire, il allait même perpétuer son rôle fétiche dans le DEATH RAGE de Margheriti en '76...

Petite surprise, Magali Noël joue la pute au grand coeur, que Dallesandro maltraite autant qu'il peut. Sa poitrine gigantesque lui valut à l'époque l'affection de Boris Vian, qui l'invita à chanter un de ses plus inoubliables succès, FAIS-MOI MAL JOHNNY. Actrice au regard de braise et au poitrail de feu, née en Turquie en '32, elle a eu une vaste carrière débutant dans des polars français des années '50 - entre autres dans un des premiers OSS 117 - et consacrée par un rôle dans LA DOLCE VITA de Fellini en '60. Costa-Gavras la recrute pour Z, polar politique choc d'après le roman de Vassilikos où Yves Montand est malmené et Trintignant examine, alors que Fellini a de nouveau recours à sa trouble physionomie en '69 dans son SATYRICON. Détour au Québec en '72 pour jouer dans LE P'TIT VIENT VITE de Louis-Georges Carrier, aux côtés d'Yvon Deschamps et de Janine Sutto, puis Fellini revient dans le décor et c'est AMARCORD, en '73, dans lequel elle interprète la sublime Gradisca, objet de la luxure de bien des habitants du petit village, dont l'ineffable Alvaro Vitali.

Voilà donc matière à haussements de sourcils, alors que le film se déroule implacablement sous nos yeux curieux. La police, comme souvent dans ces thrillers sociaux, est tout à fait impuissante devant la petite criminologie de ces malfrats miniatures, qui ne réalisent pas les conséquences de leurs actes barbares et contre-productifs. On court vers un dénouement tragique qui laissera le spectateur sur sa faim, quoique la poursuite automobile finale en vaille la peine.

Le réalisateur, Marcello Andrei, n'a pas été très prolifique au fil des ans mais a tout de même réussi à nous donner SCANDALO IN FAMIGLIA, un érotisme de '76 avec Gloria Guida et Lucretia Love, et EL MACHO, un spaghetti western de '77 avec George Hilton. Sa dernière réalisation remonte à '88.

LA BAGARRE DU SAMEDI SOIR : nihilisme, amours tragiques et fuite de responsabilité, cocktail improbable mais prenant. Un prêtre, victime des amis de Pierro, mais néanmoins béat de félicité et toujours prompt à tendre une main aidante, sert à son "ami" petite frappe un discours signifiant, en gros, que lui et le voyou sont sur la même "mission", de changer la société de l'intérieur, mais que leurs "méthodes" diffèrent.

Bon, vous me savez très peu moraliste, mais je me demande bien ce qu'un prêtre plein de miséricorde et d'empathie a en commun avec un idiot qui viole, pille et vandalise tout ce qui l'entoure. Faudrait probablement déterrer le scénariste pour obtenir une réponse...

Tuesday, April 04, 2006

Trop Belle Pour Mourir (1988)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

TROP BELLE POUR MOURIR aka Too Beautiful to Die aka Sotto il Vestito Niente 2 aka They Only Come Out at Night - Dario di Piana, 1988, Italie, 1h35


Une demoiselle, mannequin, se fait remarquer par une riche crapule un soir de shooting. La crapule en question ordonne à son agent, le suave Alex, d'organiser une petite fête lors de laquelle il compte la posséder. Alex l'avertit que la demoiselle n'est pas une fille "comme ça", mais le vieux ne veut rien entendre. On a donc droit à un viol "collectif" dans le sens où les autres mannequins de l'agence immobilisent la belle dans un jacuzzi alors que le vieux s'active au milieu des clapotis. Paniquée, la victime s'arrache, empruntant la bagnole de son boss. Un malaise plane sur l'assemblée, malaise qui s'aggravera le lendemain quand la police viendra trouver Alex pour lui annoncer que sa mannequin est morte au fond d'un ravin dans sa voiture carbonisée.

Vous, voyez, elle n'était finalement pas trop belle pour mourir. Mais ce n'est là que la prémisse d'un giallo ma foi plutôt intéressant, surtout si on considère la date où il a été tourné. Bien sûr, Di Piana (dont c'est la première et seule réalisation à ce jour) ne révolutionne rien et n'apporte pas grand chose de nouveau au genre, à part un certain degré d'habileté technique; les éclairages sont superbes, et les scènes de meurtre réussies. On n'échappe toutefois pas à certains clichés tels la machine à fumée, et la situation temporelle de l'intrigue, ainsi que le milieu dans lequel elle se déroule, nous donnent droit à de longues séquences musicales que j'ai jugé inutiles et fromageuses - mais c'est un avis tout personnel.

Les actrices sont mignonnes, mais certaines d'entre elles ne sont pas très crédibles dans la peau de "mannequins de grande classe". La pulpeuse Florence Guérin, que l'on a entre autres pu savourer sous (presque) toutes ses coutures dans LE COUTEAU SOUS LA GORGE de Claude Mulot et dans les griffes du maniaque du FACELESS de Franco, fait de son mieux et parvient encore une fois à nous montrer son beau gros postérieur. Alex, le boss de l'agence interprété par Giovanni Tamberi, est suffisamment louche et en sueur pour être crédible. On l'a aussi vu dans PHANTOM OF DEATH de Deodato et dans CASABLANCA EXPRESS de Martino.

Intrigué par le "2" du titre, je me suis rendu compte que ce film était une suite à NOTHING UNDERNEATH, réalisé en '83 par Carlo Vanzina, film qui n'a en commun avec TROP BELLE POUR MOURIR que le titre et le milieu de la mode dans lequel il se déroule... et que je chroniquerai bientôt.