La Voûte aux VHS

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Monday, April 24, 2006

Je Sais que tu Sais (1982)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

JE SAIS QUE TU SAIS aka Io So Che Tu Sai Che Io So aka I Know That You Know That I Know - Alberto Sordi, 1982, Italie, 1h36



Un employé de banque (Alberto Sordi) tout à fait banal mène une vie rangée; il habite un superbe appartement avec terrasse à Rome avec sa femme (Monica Vitti) et sa fille, vient d'être plaqué sans grandes conséquences émotives par sa maîtresse et secrétaire, et se comporte globalement avec une rare inconscience. Il ne rate pas un seul match de foot à la télé, au détriment de ses relations interpersonnelles immédiates.

Seulement, sa femme songe à le quitter, sa fille est héroïnomane, et j'en passe des moins drôles ! Il apprendra tout ça singulièrement, suite à la méprise d'un détective privé qui s'occupera de la filature de sa femme pendant six semaines, filmant ses moindres allées et venues. Lorsqu'il mettra la main sur une valise bourrée de bobines lui révélant tous ces secrets qu'il ignore, sa vie prendra un tout nouveau sens à ses yeux. Serais-ce une illumination ?

La rédemption, le regret, et l'incapacité de changer des périodes que l'on a vécu en état d'apesanteur indifférente, voilà quelques thèmes de cette comédie dramatique italienne qui gagnerait à être connue. Sordi y interprète un abruti typique, qui se "réveillera" peu à peu vis-à-vis de son entourage et qui, espérons-le, deviendra un homme meilleur.

Le rythme du film est conçu en crescendo, les surprises devenant de plus en plus importantes à mesure que le film avance, mais la dernière "révélation" déçoit, Sordi réalisateur se comportant comme un véritable italien, avec tout ce que cela implique de machisme et d'aveuglement.

Sa performance semble par ailleurs excellente - il est toutefois difficile de juger la chose avec le doublage français discutable... Lui qui a été principalement acteur a aussi réalisé et écrit bon nombre de films, a donc été une figure emblématique de la comédie italienne populaire, et ce dès 1937. Il s'est malheureusement éteint en février 2003, mettant un terme à une vie de comique et d'acteur bien remplie.

Monica Vitti, en épouse pleine de secrets, est parfaite. Elle n'est plus très fraîche, 1982 oblige, mais tient encore la "forme" et son derrière est fort bien moulé dans ses jupes. Elle a été presque résidente dans l'oeuvre d'Antonioni, et a très vite collaboré avec Sordi, entre autres dans THE COUPLES, en '70. Elle était du FANTÔME DE LA LIBERTÉ de Bunùel en '74, et a participé dès lors à bon nombre de comédies paillardes au courant des années '80, jusqu'à ce que l'industrie cinématographique italienne devienne la triste chose qu'elle est aujourd'hui, un ramassis d'artisans télé sans grande envergure.

Piero Piccioni signe une musique joyeusement bondissante, qui surgit même dans les moments dramatiques les plus incongrus, enlevant à l'ensemble une tranche de sérieux et mettant le spectateur à l'aise de rire de toutes ces tuiles pas drôles du tout qui tombent sur la tête de Sordi. Voilà donc un drame qui met de bonne humeur, denrée rare sur laquelle il serait triste de ne pas se jeter !