La Voûte aux VHS

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Friday, March 10, 2006

Lightblast (1985)

*Originalement paru sur le site du Club des Monstres*

LIGHTBLAST aka Colpi di Luce - Enzo G. Castellari, 1985, Italie, 1h26 


Au son d'une musique diablement analogue, un couple s'adonne à une traque érotique du plus bel effet dans un enchevêtrement sensiblement abandonné de wagons de marchandises. Alors qu'ils s'apprêtent à commettre l'irréparable, c'est-à-dire forniquer sans être mariés (ah les vilains !), une équipe de fous furieux balance une giclée de rayon lumineux dans une horloge non loin, et tous les métaux répondant présent dans un rayon de 40 mètres se mettent à fondre, tuant sur le coup les tourtereaux, juste à temps pour éviter qu'ils ne s'enfilent.

Les fous furieux, ce sont principalement un scientifique zélé et son équipe de soumis, le scientifique en question ayant été expulsé de l'université de San Francisco suite à un obscur accident de labo. L'est fâché, le savant, et il menace de faire fondre SF au complet si le maire ne lui donne pas 5 millions, pis tout de suite ! La police est donc sur les dents, et puisqu'il faut un héros, ce sera donc le ventru Erik Estrada qui se collera au boulot !

Voilà un bien étrange film ! Réalisé par un maître du thriller d'action, Enzo G. Castellari, fils de Marino Girolami, Sam Peckinpah du pays en forme de botte, dont le montage a influencé Soderbergh et probablement beaucoup d'autres, dont l'utilisation du ralenti dans les séquences d'action a changé la façon de voir le monde de John Woo, Enzo donc a habituellement tout pour plaire. Comment peut-il être ici aussi mou ?

Pas mou, mais disons... inconsistant. La réalisation ne manque pas de punch, et les quelques poursuites, à peu de choses près, sont haletantes et explosives, bourrées de cascades et de musique rigolarde - d'ailleurs, le score entier est dû aux frères De Angelis, célèbres guignols ayant souvent travaillé avec Enzo, mais ayant légèrement perdu leur souffle ici. Les chansons sont entraînantes et amusantes, mais les sonorités aujourd'hui désuètes employées un peu partout font sourire.

Toutefois, le scénario est quelque peu confus, et pas très original. Il faut dire que les épaules d'Erik Estrada, pourtant fort larges, n'arrivent pas à soutenir grand chose et que dès qu'il ouvre la bouche, on a envie de rigoler, alors impossible de le prendre au sérieux. Comme "action hero", on a vu mieux ! Disons que l'idée du rayon "fondant" est un peu aberrante et que l'explication abracadabrante qui l'accompagne immanquablement n'est pas très convaincante ! Lorsque l'on découvre qu'Enzo lui-même est derrière l'idée, on commence à comprendre qu'il a voulu se péter un trip et que ça n'a tout simplement pas fonctionné...

D'ailleurs, ses "marques de commerce" - montage éclaté, ralentis bienvenus dans les séquences d'action - sont ici étonnamment absentes, comme s'il avait voulu se contraindre à la simplicité du film d'action à l'Américaine, avec un héros ethnique et des criminels implacables.

La technique employée à quelques reprises dans le film pour donner l'illusion que les acteurs fondent est aussi fort surprenante. Je ne veux vendre aucune mèche, mais disons qu'elle implique de la pâte à modeler et beaucoup d'inventivité, produisant un effet saisissant !

On remarque dans le rôle du savant fou un parent d'Enzo, Ennio Girolami, qui a participé à énormément de productions réalisées par le grand Castalleri. Et un caméo de Massimo Vanni, qui vient se faire exploser la tronche pour vite retourner dans l'oubli tout de suite après. Un Castalleri qui n'est donc pas essentiel, mais qui, si pris à la légère, se révèle être une véritable rigolade. Ce qui fait du bien.