*Originalement publié sur le Club des Monstres*
EVA LA VIERGE SAUVAGE aka Eva, la Venere Selvaggia, aka Eve, the Wild Woman, aka King of Kong Island - Roberto Mauri, 1968, Italie, 1h32
Burt, un mercenaire noueux (Brad Harris) se fait tirer dans le dos par un supposé collègue à l'issue d'un vol à main armée à Nairobi, en Afrique. Il ne meurt pas et, trois ans plus tard, est de retour pour se venger. Il fait un bref séjour chez un couple d'amis, dont la fille Diana a mûri et est devenue une jolie brunette en mini-jupe. Lors d'un safari auquel il ne participe pas, quelques jours plus tard, Diana est enlevée par des gorilles, sous les yeux de son frère (parce qu'elle en a un) ! Un scientifique fou, précisément le mec qui a trahi Burt, a conditionné les gorilles à lui obéir, et se sert de cet enlèvement autant pour avoir sous la main les beaux yeux de Diana que pour attirer son mercenaire amer au coeur de la jungle. Burt tombera-t-il dans le piège ?
Voici une fort abracadabrante production italienne, qui mélange plusieurs éléments habituellement compartimentés pour en faire un film à la limite du non-sens. Le récit est certes fort maîtrisé, mais ne manque pas de temps morts, ni d'absurde concentré ! On sent parfois le remplissage, lors d'une scène de chirurgie primate, par exemple, où chaque geste du savant fou est répété jusqu'à l'écoeurement.
On a donc droit, en vrac, à une vengeance de mercenaire; à un safari sauvage, avec stock-shots divers d'animaux de la jungle; à des gorilles contrôlés par ordinateur (en '68 !!); à une pseudo-romance impossible entre une fille de la jungle, muette et sans vêtements, et Burt le mercenaire, qui préfère sans doute les messieurs... J'oublie sans doute des sous-intrigues diverses de trahisons et de petites histoires d'accouplement sous le soleil africain...
La musique de Roberto Pregadio est mélodieuse, elle coule bien et sied parfaitement aux costumes yé-yé de ces demoiselles, particulièrement lors d'une scène de "nightclub" ahurissante où notre héros Brad Harris, originaire de l'Idaho, qui a joué les gros bras dans bon nombre de productions européennes des années '60 et '70, se trémousse d'une façon qui laisse croire que ses muscles prennent trop de place sur son corps et réduisent sa "mobilité" !! Ô surprise, le bellâtre est aussi apparu dans GIRL IN ROOM 2A en '73, et dans le désormais classique THE BEAST IN HEAT, de Batzella, en '77.
Les demoiselles du récit ne manquent pas de mordant elles non plus ! Esmeralda Barros, une brésilienne, la Èva du titre, se ballade seins nus, cheveux stratégiquement placés devant les mamelons, et sourit niaisement sans jamais dire un mot. Elle est surprise que notre Burt ne la prenne pas sauvagement, mais après tout elle est supposée être vierge, et le bracelet de cuir que porte le gym queen devrait lui mettre la puce à l'oreille... Elle est aussi apparue dans EVEN DJANGO HAS HIS PRICE en '71 et dans, coïncidence, THE DEVIL'S WEDDING NIGHT, en '73, aussi de Batzella !
Adriana Alben, brunette à la poitrine impressionnante, qui est ici belle-mère de la jolie Diana et l'ex-maîtresse de Burt, sait mettre ses charmes en valeur et se ballade en sous-vêtements sans que personne ne lui en fasse la remarque. Sa carrière est malheureusement bien mince et elle n'est apparue que dans une poignée de films au cours des années, dont le ZENABEL de Deodato en '69. Ursula Davis, qui interprète Diana, est quant à elle apparue dans quelques péplums dont SPARTACUS AND THE TEN GLADIATORS, en '64, avant de malheureusement disparaître dans l'oubli - elle était pourtant bien mignonne.
Roberto Mauri, réalisateur de péplums dans les années '60, qui s'est ensuite lancé à l'exemple de nombre de ses camarades de genre dans le western, filme comme il peut cette histoire un peu bancale, sans grande conviction, mais c'est l'intention qui compte ! Si on considère que la finale déstabilisante d'hilarité comporte deux fois plus de retournements de situation que le film en entier, que les gorilles mis en "vedette" tout au long du film sont d'affreux costumes renfermant des acteurs anonymes et probablement souriant de toutes leurs dents, et qu'un certain racisme imprègne l'ensemble, racisme qui semble coutumier aux italiens à cette époque, on a devant nous un visionnement épique qui arrachera quelques rires aux gens qui auront résisté au sommeil. Si on ajoute un simili message écologique de préservation de la faune sauvage, on obtient donc une production atypique et digne de mention, que l'on déguste à petites doses sans s'attendre à une révélation.
Phrases cultes du film :
-Diana à son frère, en route vers le safari : "L'important, c'est de faire des choses défendues !"
-Un des guides noirs dans la jeep, s'adressant à ses employeurs : "Ici, y'a bon la chasse !"