La Voûte aux VHS

Tous les mauvais films que vous pensiez avoir oublié...

Thursday, March 30, 2006

Mountaintop Motel Massacre (1986)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

MOUNTAINTOP MOTEL MASSACRE - Jim McCullough Sr, 1986, États Unis, 1h35



Evelyn est légèrement folle, mais avec la désinstitutionalisation et les légères phases de lucidité, son psychiatre décide de la relâcher et de la considérer guérie, alors elle retourne pesamment s'occuper de son motel cheap en haut d'une montagne dans les bois de la Louisiane. Sa fille est évidemment une drôle de demoiselle, isolée comme elle l'est, et joue avec sa poupée et ses lapins pour tromper l'ennui. Mais sa maman n'aime pas les lapins, puisqu'elle coupe en morceaux le bel albinos qui a osé s'aventurer dans son potager. Une fois ce sauvage lapinicide commis, elle ira inexplicablement engueuler sa fille à grands coups de serpe, ce qui bien entendu aura des conséquences funestes sur la santé de celle-ci.

Le shérif et les ambulanciers, arrivés sur les lieux, essaient de la faire revenir à la vie avec un petit massage cardiaque et un défibrillateur, mais les blessures à l'arme blanche n'ont jamais été reconnues pour être réversibles. Enterrement, donc, et la vie continue dans le petit bled pourri, avec une nuit d'orage qui amène au motel un assortiment varié de ploucs, attirés autant par les "petits prix" pratiqués par la maison que par le fait que c'est le seul foutu motel des environs.

J'apprends avec stupéfaction que ce film est sorti en DVD chez Anchor Bay. Eh ben ! Ils ont déjà entamé une série douteuse avec la sortie de MADMAN... Espérons qu'ils continuent sur cette voie et qu'ils déterrent encore d'autres obscurités semblables !

Car ce MOUNTAINTOP MOTEL MASSACRE a beau être lent à démarrer, et avoir à son bord des acteurs semi-amateurs, il s'en dégage néanmoins une atmosphère du tonnerre, malsaine à souhaits. Peut-être est-ce l'éclairage et la direction photo soignée, ou alors seulement l'idée d'une vieille schizophrène obèse et la performance de son interprète, mais ça fonctionne ! Evelyn est jouée par Anna Chappell, qui n'est pourtant apparue que dans MAN IN THE MOON en '91, et qui a ici tous les tics requis pour que l'on trouve son personnage troublant et repoussant.

Avec des personnages secondaires qui ne servent pas que de chair à canon - on s'attarde notamment sur leurs drames personnels, et un léger propos social vient teinter quelques dialogues, ici et là - et une trame musicale tout à fait appropriée, on a là la recette d'un film pas joyeux du tout, que pratiquement aucune touche humoristique (volontaire) ne vient alléger. Evelyn manipule des serpents, des rats et des coquerelles, pour appuyer sa folie, et pour amplifier le "gross out factor" sans doute !

On remarque la présence de Bill Thurman dans la peau d'un révérend alcoolo, lui qui est vétéran du trash américain avec des rôles dans CURSE OF THE SWAMP CREATURE en '67, dans MARS NEEDS WOMEN la même année, et dans - tiens donc ! - 'GATOR BAIT en '76 ! Le réalisateur, Jim McCullough Sr, qui adapte un scénario de son propre fils, n'a que quelques réalisations à son actif, dont VIDEO MURDERS en '88. Il parvient tout de même à installer les événements habilement et à nous faire vivre, pendant 95 petites minutes, une drôle d'expérience.

Wednesday, March 29, 2006

Sorority House Massacre 2 (1990)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

SORORITY HOUSE MASSACRE 2 aka Jim Wynorski's House of Babes aka Night Frenzy aka Nighty Nightmare - Jim Wynorski, 1990, États Unis, 1h20



Cinq demoiselles bien en chair débarquent un après-midi devant une gigantesque maison américaine, dans une petite ville de bouseux, pour y établir leur sororité. La bâtisse est à l'abandon depuis quelques années, et les filles ont obtenu un "deal" immobilier en raison de l'historique peu reluisant de la baraque : cinq ans plus tôt, un père de famille plutôt tranquille est devenu fou et a massacré toute sa famille. Malgré la visite impromptue d'un voisin inquiétant, les filles vont décider de passer la nuit dans la piaule afin de commencer leur ménage le lendemain - car la nuit tombe drôlement vite dans cette foutue cambrousse - et c'est là que les choses, comme tout bon amateur de slasher s'en doute, vont se gâter.

On se retrouve avec une ouverture en ellipse, puis avec une scène qui nous fait drôlement penser à EVIL TOONS, de Fred Olen Ray, bon pote de Jim, ce qui nous laisse supposer que les tacherons, à force de se fréquenter, ne trouvent pas beaucoup de façons différentes de filmer leurs intros. On se retrouvera avec cette sensation de "limite artistique et technique" tout au long du métrage, mais à quoi s'attendait-on avec un tel titre et un tel concept !?

Comme d'habitude l'action est limitée à un seul lieu, c'est-à-dire une bicoque isolée et vide, et c'est un peu mince pour un réalisateur aussi peu imaginatif que le vieux Jim. Il est certain que la courte durée du film ne nous laisse pas nous emmerder, mais c'est tout juste !!

On se retrouve rapidement devant des personnages grotesques, entre autres le voisin, qui vient faire une petite visite de "bienvenue" et entre dans la maison devant les jeunes filles terrifiées sans s'excuser ni demander la permission... Il sort ensuite la clé du sous-sol de ses pantalons !? Ce personnage reviendra constamment au cours du film, toujours plus inconséquent et invraisemblable, jusqu'à un paroxysme de non-sens qui fait mal aux couilles de tout amateur de logique.

Les demoiselles, elles, semblent avoir été choisies pour ce qu'elles ont dans le ventre. Ou plutôt... dans la brassière. Ou plutôt... et pis merde, la plupart d'entre elles n'en portent même pas. C'est le festival de la mamelle, qu'elle soit malhabilement siliconée ou non, et le prétexte voyeuriste ultime est présent; elles font un pyjama-party ! Tout le monde sait qu'entre elles, les filles ne portent généralement pas de lingerie "fine" - j'écris ici "fine" car la mode de la fin des années '80, surtout en lingerie, fait vraiment peur à tout esthète - mais bon, c'est un détail qui n'a malheureusement pas effleuré l'esprit vacant de Wynorski.

Deux d'entre elles sont particulièrement jolies; la première, Stacia Zhivago, ne semble pas selon IMDb être apparue ailleurs, ce qui m'étonne car je suis convaincu de l'avoir aperçue ailleurs. Elle se débrouille plutôt bien et ses proportions, découvertes dans une scène de douche inutile, sont fort appréciables. L'autre, Robyn Harris, est en fait la porn star Gail Harris, apparue dans plusieurs volets de la série ELECTRIC BLUE, au physique un peu fatigué mais too good to be true, si vous voyez ce que je veux dire.

Ce film mineur, vite vu et probablement vite oublié parmi la tonne de mauvais slashers tournés à l'époque et portant des titres pratiquement tous semblables, est donc destiné à un usage voyeuriste ou alors à un cerveau en mode de veille. La même année, Wynorski a tourné un HARD TO DIE avec pratiquement les mêmes actrices, et dont le synopsis est assez semblable, tournant autour de cinq jeunes femmes faisant l'inventaire d'une compagnie de lingerie dans un immeuble à bureaux. C'est paraît-il une version "féministe" de DIE HARD, beau jeu de mots, quelqu'un l'a ?

Tuesday, March 28, 2006

Sorority House Massacre (1987)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

SORORITY HOUSE MASSACRE - Carol Frank, 1987, États Unis, 1h14.



Les années '80, l'université... la stupidité. Le spraynet, les robes informes... et les slashers hors normes. Beth, une brunette ma foi assez ordinaire (Angela O'Neill), arrive sur le campus et s'installe dans une sororité. Toutefois, dès son installation elle ressent un malaise diffus, qui n'ira qu'en s'amplifiant, donnant corps à des cauchemars plutôt violents mettant en scène un tueur psychopathe qui la poursuit avec un énorme couteau de chasse. Au même moment, non loin suppose-t-on, un fou dangereux pique des crises, au fond de sa cellule, à l'asile, et essaie de s'enfuir.

La vague des slashers, au cours des années '80, a soulevé bien des protestations féministes. Pourquoi, en effet, devait-on absolument montrer des demoiselles en détresse se dénuder et ensuite être froidement trucidées ? Et ne jamais voir des mâles qu'on beau torse poilu, et jamais de bite ? Ni même une paire de fesses ? Voici donc un slasher réalisé par une femme, Carol Frank, qui a été assistante réalisatrice sur l'édifiant SLUMBER PARTY MASSACRE, en 1982, avant qu'on ne lui donne la chance de faire ses preuves avec SORORITY HOUSE MASSACRE.

On voit tout de suite que mademoiselle Frank a de la suite dans les idées. Et un certain talent pour la mise en scène. Le départ de sa réalisation est en effet assez troublant, oscillant entre le rêve et la réalité, avec une caméra fluide et des plans efficaces, et suffisamment de mystère pour intéresser le spectateur éventuel. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça se gâte, mais ça devient prévisible et déjà vu assez rapidement. Et les demoiselles impliquées dans l'entreprise n'ont pas congé de déshabillage, contrairement à ce qu'on aurait pu penser en voyant une femme à la réalisation. La recette est donc la même : nudité fugitive et meurtres à la chaîne.

Les acteurs, bien entendu, sont habités d'un talent discutable; en fait, ils font ce qu'ils peuvent avec un scénario à coucher dehors. Réactions irrationnelles, stupeur bovine, insensibilité devant une hécatombe fort peu amicale, telles sont les secrets du succès d'un bon slasher moche.

Personne ne se démarque ici, donc, et le film se termine sur un "punch" assez peu prometteur, qui laissait à l'époque supposer une suite éventuelle, qui verra malheureusement bel et bien le jour en '90.

Sunday, March 26, 2006

Love Object (2003)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

LOVE OBJECT - Robert Parigi, 2003, États Unis, 1h24 



L'ami Kenneth (Desmond Harrington) est un pisse-copie bien timide, qui fait son boulot comme un chef et qui reçoit fréquemment de grandes tapes sur l'épaule de son patron (Rip Torn). Sa petite vie de californien demeure sans histoires jusqu'au jour où un camarade lui fait découvrir un site web où il peut se commander la "femme idéale", poupée gonflable de luxe qu'il façonnera à son goût. Comme une petite nouvelle (Melissa Sagemiller) vient d'être engagée dans la boîte et qu'elle lui plaît bien, il donnera donc ses traits à sa poupée et dès lors commencera une étrange descente aux enfers pour notre héros décidément un peu dérangé.

LOVE OBJECT semble innover, mais en vérité, l'obsession d'un pauvre idiot envers sa compagne de plastique a déjà été explorée dans GRANDEUR NATURE, aka Love Doll, tourné en 1974 par Luis Garcìa Berlanga, et mettant en vedette Michel Piccoli ! L'aspect "nouveauté" du film est donc un peu estompé par quiconque ayant la mémoire assez aiguisée pour se souvenir du film de '74...

Si on laisse de côté une certaine logique et un oeil aiguisé - LOVE OBJECT démontrant plusieurs failles dont la solitude inexplicable des deux personnages principaux, deux beaux et jeunes êtres qui ont visiblement beaucoup de fric - donc, il y a des chances que l'on apprécie cette comédie dramatique délurée.

Les personnages peuplant le récit sont plutôt originaux et amusants, allant du patron de Kenneth, un Rip Torn inquiétant et étonamment sobre, au voisin allemand (Udo Kier, hilarant) qui ramène des greluches chez lui entre deux bouffées d'opium. Desmond Harrington évite de surjouer, et sa partenaire Melissa Sagemiller, ayant débuté récemment au grand écran dans des cacas comme SOUL SURVIVORS ou encore SORORITY BOYS, est parfaite dans la peau de la jeune blonde innocente et sexy. Je ne sais pas qui interprète la poupée, mais je suis impressionné.

Robert Parigi, un producteur télé dont c'est ici la première réalisation, s'en tire plutôt bien et nous torche un amusant petit film, avec une finale surprenante qui fait sourire.

Love God (1997)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

LOVE GOD, Frank Grow, 1997, États Unis, 1h22 


Lorsque l'état de New York décrète que les asiles doivent réduire drastiquement le nombre de patients "pensionnaires" entre leurs murs, ce qu'on appelle couramment la désinstitutionalisation, un Will Keenan halluciné, affligé d'un désordre chronique de lecture (il éprouve compulsivement l'irrépressible besoin de détruire tout ce qu'il lit, ce qui peut à la longue avoir une incidence sur ses bonnes manières), est relâché dans le grand monde. Il est logé au "Love Hotel", un immeuble miteux dans lequel on lui assigne une chambre. Au même moment le docteur de son asile, mégalomane asiatique tout à fait hilarant, expérimente avec un espèce de parasite préhistorique à l'air tout à fait grotesque, qui se sauve dans la nature - la nature étant ici les égouts de New York. Notre Will, pourchassé par ce vers gluant évoquant un étron déformé, tombera en amour de sa voisine muette et un peu folle, et se verra assigner un "metal head" comme chambreur, avec en prime le syndrome de tourette.

Je sais que le résumé peut paraître accrocheur comme ça n'est pas possible mais attention. Il y a dans ce "scénario" de fort bonnes idées, mais tout est dans le traitement.

Une hystérie constante et à vrai dire pas très agréable baigne ce film, que ça soit techniquement - montage épileptique, plans hachurés, gros plans hallucinés mal montés... - ou du côté de la performance. Grow tente ici de représenter la folie du mieux qu'il peut, mais son enfilade de moyens excessifs perd un peu le film.

Il y a certes des personnages attachants, mais d'autres sont carrément incroyables, et on décèle facilement une intention d'en "jeter plein la vue" qui, malheureusement, rate sa cible. J'ai visionné le film en plusieurs segments, incapable d'en prendre une dose massive trop concentrée. J'imagine ce que ça devait être lors de sa présentation en salle lors d'une précédente édition de Fantasia...

Keenan est loin de son personnage de Troméo ! Et Frank Grow, le réalisateur, n'a à son actif que cette réalisation, heureusement. '97, année fade où pas grand chose ne s'est passé, a au moins été celle où il a arrêté de sévir envers des spectateurs innocents qui ne méritaient en rien ce mauvais traitement !

Saturday, March 25, 2006

Duck ! The Carbine High Massacre (2000)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

DUCK ! THE CARBINE HIGH MASSACRE - William Hellfire, 2000, États Unis, 1h30

Après un paisible visionnement de l'étonnant ELEPHANT de Gus Van Sant et une écoute un peu moins paisible de 3L3PHANT des White Stripes, j'ai fini par retrouver cette cassette dans une étagère, et ça a de nouveau éveillé ma curiosité quant au massacre de Columbine et ses répercussions dans le domaine artistique. Je me suis donc patiemment assis, m'attendant à mourir d'ennui pendant une heure et quelque, impression confortée par le pré-générique tout à fait idiot, mais mes craintes ont fini par se dissiper, et voilà ce que j'ai ressenti.

On connaît tous la situation de base. Deux "rebelles" dont toute l'école se moque, dont les parents offrent une éducation et un encadrement approximatifs, se préparent à vivre leurs derniers jours. Ils sont entourés de quelques personnages sur le "campus", dont les jocks habituels, une Jesus Freak insistante, une hippie à guitare, un retardé en chaise roulante, et d'autres qu'il n'est pas vraiment utile d'évoquer. Il faudrait que vous ayez passé les quatre dernières années sous sédatifs pour considérer cela comme un "spoiler", mais les deux ados, portant trench coat et écoutant du black metal, vont décider de fusiller le plus de gens possible, un banal matin d'école, pour ensuite se faire mutuellement sauter le caisson.

Aucun suspense ici, contrairement à l'angoissant déroulement d'ELEPHANT. L'intention du réalisateur, William Hellfire, aussi interprète d'un des tueurs, n'est pas très claire. Un avertissement, pendant l'ouverture du film, nous dit que le film n'a pas été tourné dans le but de choquer les familles des victimes ou d'exploiter la situation, mais bien pour prendre de cours le domaine des arts en étant les premiers à en faire un film.

Et quel film ! Tourné en vidéo, visiblement sans script girl (la situation temporelle n'est pas très explicite, mais ça se déroule sur au moins trois jours à ce que j'ai compris, et les vêtements des personnages vont et viennent sans tenir compte de la chronologie) et sans réel souci de direction photo ou artistique, c'est expéditif, presque bâclé mais tout de même prenant. Les personnages sont bien entendus fort caricaturaux. En fait le ton hésite entre la parodie pure et simple, avec des scènes vraiment idiotes (l'opératrice du 911, les classes d'ordinateur) et d'autres se voulant plus sérieuses (l'ado assassin à lunettes se faisant battre par les jocks, les confessions la veille du massacre).

Le film se termine en nous laissant sur une drôle d'impression, voulant qu'une équipe se soit rassemblée jour après jour (enfin... pas si longtemps que ça si on juge du résultat) pour tourner ce film, sans avoir une idée précise de ce que ça allait donner et surtout, outre la parodie, sans intention précise. Peut-être que d'autres y détecteront un regard aigu sur l'Amérique contemporaine ou la jeunesse d'aujourd'hui, mais moi, euh, je passe mon tour...

Le film a été produit par William Hellfire (aussi réalisateur) et son pote Joey Smack, les deux interprètes principaux du film. Hellfire s'est entre-temps encoquiné avec Seduction Cinema, spécialisés dans l'érotisme tourné en vidéo pour les chaînes câblées, et a tourné nombre de films avec eux.

Je serais malhonnête de passer sous silence la présence dans le film de Misty Mundae, qui interprète la "Jesus freak" de service, et dont les vêtements "chrétiens" ne parviennent pas à dissimuler le sex-appeal indéniable. Pin-up "scream queen" moderne, Mundae est surtout reconnue pour son physique presque banal et ses airs de girl next door innocente. Un conseil au directeur artistique, si toutefois il y en avait un !? : prochaine fois, dites à Misty de laisser tomber les talons hauts et les g-strings, elle aura l'air plus authentiquement virginale...

Je vous invite à aller jeter un coup d'oeil à son site, ça vaut la peine !

www.mistymundae.com

Friday, March 24, 2006

Bikini Island (1991)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

BIKINI ISLAND, Anthony Markes, 1991, États Unis, 1h25.


Un magazine cheap proposant une formule semblable à celle de Swinsuit Illustrated lance une campagne de casting pour trouver LA modèle qui fera la couverture de son spécial 15e anniversaire. Un montant de 100 000$ sera offert à l'heureuse élue et s'en est assez pour convaincre toute une galerie de blondasses. Cinq d'entre elles sont choisies pour un shooting sur une île tropicale semi-déserte, mais une fois là-bas les demoiselles disparaissent l'une après l'autre tandis que l'assistant reluque tout ce qui remue et que le maître d'hôtel roule des yeux d'un air inquiétant.

Tourné à l'époque du creux le plus manifeste de l'histoire de la mode du 21e siècle, BIKINI ISLAND est une torture abominable qui n'a de nos jours aucune raison d'être. On se demande comment un tel film a survécu aux épurations massives qu'ont subies nos clubs vidéos. Mince excuse pour montrer de "jolies" filles se pavanant en costume de bain, ce slasher bas de gamme enligne les clichés, preuve que le réalisateur a bien appris sa leçon de conformisme 101. On a droit au directeur de casting qui enfile les minettes à la traîne, à la maquilleuse "bitch" et à une pseudo-rivalité entre les gourdes qui leur servent de modèles. Ces dernières n'ont aucune épaisseur dramatique, et bien que mignonnes font peur avec leurs coupes de cheveux déplorables et leur garde-robe à faire grincer des dents un aveugle. La trame narrative est loin d'être suffisamment inventive pour susciter un quelconque intérêt et dès qu'on devine l'issue du film, on se met à regarder le reste du film dans une sorte de stupeur masochiste. La musique intensément affreuse nous achève et on arrive au final avec l'impression que le film dure beaucoup plus longtemps que ses 85 petites minutes. La seule note surprenante est que la plupart des meurtres sont perpétrés avec un déboucheur de toilettes, ce qui est bien entendu aussi absurde qu'extrêmement mince. Adam Rifkin fait une brève apparition, inaperçue, et ça ne vient évidemment rien sauver du tout.

Thursday, March 23, 2006

Spiders (2000)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

SPIDERS aka Arachnides - Gary Jones, 2000, États Unis


Une journaliste collégiale (Lana Parrilla) légèrement agaçante qui lance des "Cool !" aussi fréquemment qu'elle respire essaie de trouver un sujet d'article paranormal pour la prochaine édition projetée de son torchon. Elle a un moment deux extraterrestres sous la main, mais son chef de pupitre, devant le ridicule de la situation, les renvoie chez eux et sermonne Lana. Celle-ci décide alors de se rendre, avec deux copains du journal, enquêter sur une base militaire perdue dans le désert - mais visiblement non loin de la ville où ils se trouvent - où, comme par hasard, s'écrase devant leurs yeux inexpressifs une navette de la Nasa qu'on rapporte, au bulletin de nouvelles, comme ayant brûlé dans l'atmosphère. Devant cette contradiction évidente, nos idiots décident d'enquêter.

Vous avez dit "straight-to-video" ? Il eut effectivement été sacrilège de présenter cette douleur vive en salles, où l'audace du producteur aurait probablement créé des émeutes. À moins que je ne sous-estime le bovinisme du spectateur moyen de "films de grosse bébittes"... Quoiqu'il en soit, c'est un débat théorique et il n'a pas sa place ici, car le sujet de discussion est le film lui-même, sommet de puanteur démagogique, médiocre ramassis de clichés saupoudré d'effets CGI puants et parsemé de performances dramatiques à pleurer de désespoir.

Un contrôleur de la Nasa, occupé à regarder sur son petit écran une expérience en cours dans une navette spatiale, est témoin d'une perturbation qui amène une tarentule injectée d'un virus à s'échapper des mains des scientifiques de l'espace (!?!?) et à piquer tout l'équipage dans une furie destructrice. Ces moments sont déjà empreints d'un certain "sens du cheap", alors que des stock shots sont maladroitement utilisés et que les acteurs font de leur mieux pour faire comme si le sublime ridicule de la situation ne leur donnait pas envie de foutre le camp du plateau à grandes enjambées.

Que dire de nos trois reporters ? Le personnage de Marci, la journaliste à lunettes, a sans doute trop écouté X-FILES et ça lui est monté à la caboche... Lana Parrilla, spécialisée dans la "marde", a été un personnage dans SPIN CITY le temps d'une saison et est aussi apparu dans l'édifiant REPLICANT de Ringo Lam aux côtés d'un autre bovin, Jean-Claude Van Damme... Ses petits amis sont aussi nuls, l'un d'eux arborant même une "coupe Longueuil"... bouclée !! Sommet du mauvais goût dont il n'a visiblement pas l'air de s'apercevoir.

Le personnage du méchant monsieur de la Nasa qui tue tout le monde pour un rien grimace tant qu'il peut pour prouver qu'il a un coeur dur comme une pierre. Je n'ai même pas mentionné les ignobles araignées... Bien sûr, le film peut être efficace pour les arachnophobes, mais le commun des mortels soupirera en coeur devant ces créatures numériques, qui se meuvent d'une façon saccadée et ridicule, et qui donnent immanquablement l'air très con aux "acteurs" qui doivent faire semblant d'être "effrayés" par une animation aussi pauvre.

Le gros de l'action se situe dans un complexe souterrain, avec des effets spéciaux à deux sous, et une tension inexistante. Une fois que l'action se transporte à l'extérieur, ça devient vraiment du n'importe quoi, et moi qui croyais que le film était terminé, pouf, rebondissement, encore un bon dix minutes à souffrir ! C'est l'apocalypse de l'animal, l'attaque de la créature sur la ville, un clin d'oeil à King Kong et à Rambo tout à la fois, une finale à pleurer de consternation.

Comment concevoir que des gens sérieux, croyant "faire la piasse", se soient intéressés à ce projet ? Et comment croire que les acteurs, soucieux de leur image, et du contenu de leur CV, n'aient pas fui les lieux de tournage après les 2-3 premiers jours ?

Je pourrais fournir une réponse sur le niveau de rigueur, autant intellectuelle que professionnelle, de tous les gens impliqués ici, mais ce serait sournois et pas gentil, car après tout, je suis supposé aimer les "mauvais" films, non ? Eh ben non, quand c'est aussi mauvais que ça, ça devient carrément impossible !

Wednesday, March 22, 2006

Ghostkeeper (1980)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

GHOSTKEEPER aka Le Garde Du Fantôme, James Makichuk, 1980, Canada, 87m


Un trio de yankees originaires de la Floride nous est présenté en plein voyage "dans le nord", filant à toute allure sur leurs motoneiges pétaradantes et se comportant somme toutes en américains clichéeux. Ils décident d'emprunter un chemin interdit et comme ils arrivent devant un énorme manoir dissimulé par la forêt environnante, la joyeuse célibataire de la bande s'emballe et sa motoneige fout le camp sans elle, puis percute un banc de neige.

Mais c'est qu'elle ne veut plus partir ! Le groupe ne disposant plus que d'un seul véhicule, ils décident donc d'aller s'abriter dans le manoir, mais ils découvriront rapidement que l'endroit est loin d'être inhabité...

Thriller canadien presque boudé à sa sortie, et malhabilement distribué en vidéo, GHOSTKEEPER étonne. Si on se fie à la jaquette du film, qui nous présente un espèce de gros barbu monstrueux arborant un air de chien battu, on risque d'être surpris ! Le monsieur en question apparaît au grand total trois fois, très brièvement, et se montre plutôt inoffensif...

L'intrigue s'installe lentement, créant une atmosphère lourde et inhabituelle, que le climat hivernal rébarbatif et mystérieux soutient fort bien. On n'exploite pas suffisamment l'imagerie nordique du grand Nord et de ses vastes espaces enneigés et sauvages...

On remarque ça et là des éléments de SHINING - le manoir, la saison froide, l'isolement et l'impossibilité de s'échapper - mais quelques originalités surgissent tout de même ça et là. L'héroïne du film, une mignonne scream queen nommée Riva Spier, qui a aussi été du tournage du RABID de Cronenberg, est fort agréable à regarder et s'en tire plutôt bien, quoique le doublage français un peu exaspérant ne la mette pas tellement en valeur.

Le manque de précision explicative sur les événements se succédant à l'écran finit toutefois par avoir raison du spectateur, qui préférerait sans doute qu'on l'éclaircisse; j'opte pour ma part pour un entre-deux, à mi-chemin entre le "tout cuit" et l'ouverture tellement vaste qu'on se demande de quoi il retourne. GHOSTKEEPER est tout de même une belle surprise !

Tuesday, March 21, 2006

Le Diable au Corps (1986)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

Le DIABLE AU CORPS aka Il Diavolo in Corpo aka Devil in the Flesh - Marco Bellochio, 1986, France / Italie, 1h54


Raymond Radiguet se retourne dans sa tombe !

Lorsqu'Andrea, un bellâtre aux études, fréquentant une salle de classe idéalisée, perchée en haut d'un immeuble d'une ville italienne ensoleillée, toutes fenêtres ouvertes donnant sur une terrasse avoisinante, aperçoit la féline Giulia (Maruschka Detmers), son sang ne fait qu'un tour et il se met à la suivre quotidiennement jusqu'en cour, où elle suit avec sa future belle-maman le procès de son terroriste de fiancé. Leurs regards se croisent, ils partent ensemble, et rien pour eux ne sera dorénavant plus important que de sauvagement s'accoupler : c'est le coup de foudre.

Cette deuxième adaptation du DIABLE AU CORPS de Radiguet - la première datant de 1946 et ayant été réalisée par Claude Autant-Lara, cinéaste plutôt classique, et mettant en vedette Gérard Philipe et un caméo de Jacques Tati ! - étonne par son audace. Bellochio met bien entendu l'accent sur la relation trouble entre Giulia et Andréa, filmant leurs ébats calmement, car les ébats eux-mêmes sont loin d'être calmes !!

Maruschka Detmers, une très jolie et troublante hollandaise (la Carmen de Godard dans PRÉNOM : CARMEN), ne laisse pas beaucoup de chances à notre imagination... Sans pudeur, elle s'exhibe dans toute sa splendeur, paradant à poil au moindre prétexte, allant même jusqu'à gratifier l'ami Andréa d'une gentille fellation hardcore. Papy Jean-Luc serait fier de sa protégée ! L'incursion d'une scène X dans le récit ne détonne pas le moins du monde, et aide à donner une idée plus juste de la folie psycho-sexuelle habitant le personnage de Detmers.

Avec sa superbe cinématographie et un score émouvant de Carlo Crivelli, LE DIABLE AU CORPS reste un film agréable à regarder, tant pour la plastique de l'ensemble que la plastique de la belle Maruschka, malgré les quelques personnages secondaires qui ne mènent nulle part et une fin qui frôle l'incompréhensible.

Monday, March 20, 2006

La Ville des Pirates (1984)

*Originalement paru sur le site du Club des Monstres*

La VILLE DES PIRATES aka A Cidade dos Piratas aka City of Pirates aka Rustication Civitatis Piratarum - Raoul Ruiz, 1984, France/Portugal, 1h51


Un couple employant une domestique nommée Isidore (Anne Alvaro), somnambule et fantasque, passe d'une maison à l'autre sur la côte portugaise visiblement désertée. Leurs journées sont faites de dîners, de discours et de temps perdu, le père déclamant des fatalités ou des remarques anodines telles que "La guitare est le sel de la vie" en fixant son regard vers l'horizon, que viennent briser les vagues de la mer. Le couple ayant perdu un enfant, ils ont "adopté" Isidore. Toutefois, un enfant se nourrissant exclusivement d'ail (Melvil Poupaud), qui aurait semble-t-il massacré sa famille, fait irruption dans sa vie et sa mauvaise influence se fera bientôt sentir sur la servante.

NATURAL BORN KILLERS avant l'heure à la sauce Ruiz, LA VILLE DES PIRATES est un magnifique poème visuel, une somptuosité virtuose baignée par la musique orchestrale constamment présente de Jorge Arriagada, ce qui donne un ton décalé à l'ensemble, cette impression étant renforcée par le jeu plutôt théâtral des comédiens à l'exercice.

Produit par Paulo Branco, qui fait preuve d'un flair certain pour le génie onirique, et qui a en quelque sorte fait découvrir Ruiz à la France, le film est plein d'échos à L'ÎLE AU TRÉSOR, dans lequel apparaît aussi Melvil Poupaud. LA VILLE fait aussi partie de sa période "maritime" avec entre autres ce dernier et LES TROIS COURONNES DU MATELOT. Contre-plongées expertes, mouvements déstabilisants et des objets plein le cadre étaient déjà, à l'époque, devenus des marques de commerce du géant chilien.

On éprouve un certain trouble devant l'instabilité logique de la progression du récit, et la théâtralité du jeu sert probablement ici d'élément distanciateur. Ruiz écrivait les scènes à mesure que le tournage avançait, et avait chargé une équipe de croquer les îles et les éléments déchaînés; ceux-ci ont particulièrement bien fait leur boulot en capturant avec une maîtrise certaine l'horizon dans sa luminosité la plus sublime !

Le film met en vedette Anne Alvaro, actrice atypique étant collaboratrice de Romain Gary (LA JAVA DES OMBRES en ''83, À MORT LA MORT ! en '99) et fréquente inspiratrice chez Ruiz (RÉGIME SANS PAIN en '84). Elle a aussi fait une apparition dans LE GOÛT DES AUTRES en 2000, et son timbre de voix évoque immanquablement Isabelle Huppert.

À ses côtés évolue une autre énigme du cinéma français, Hugues Quester, qui a fait ses classes chez Rollin (LA ROSE DE FER en '73) et Chéreau (LA CHAIR DE L'ORCHIDÉE en '75). Avec un détour chez Léa Pool dans ANNE TRISTER ('86), chez Rohmer dans CONTE DE PRINTEMPS ('90) et chez Kieslowski dans TROIS COULEURS : BLEU ('93), on peut dire que son parcours est pour le moins déroutant. Sa gueule particulière et son air égaré en font une valeur sûre pour le rôle de schizophrène malhabile que Ruiz lui réserve.

Reste Poupaud, dont c'était la première apparition sur la planète cinéma, lui qui allait devenir une sorte de récurrence dans l'oeuvre de Ruiz, le retrouvant d'année en année entre un tournage chez Becker (ÉLISA en '95) et chez Rohmer (CONTE D'ÉTÉ en '96). Il apparaissait en adulte dans LE TEMPS RETROUVÉ en '99 et dans COMBAT D'AMOUR EN SONGE en 2000, donnant la fausse impression qu'il réservait ses apparitions à l'écran pour son maître et complice, Raoul Ruiz, forgeron de l'image déroutante, et véritable énigme cinématographique que l'on n'élucidera probablement jamais.

Saturday, March 18, 2006

Mon Curé Chez les Nudistes (1982)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

MON CURÉ CHEZ LES NUDISTES - Robert Thomas, 1982, France, 1h30


Un curé... chez les nudistes. Voilà une idée chouette et qui promet, non ? Non ? Eh ben... définitivement non.

Un curé bon vivant est parvenu à faire de la messe, dans son village, un endroit où tout le monde veut être vu, rire et respirer la bonté chrétienne. Sa messe est tellement populaire qu'il y a cinq représentations par dimanche ! Il imite les animaux de l'arche de Noé, fait le pitre, et ses fidèles, facilement amusés, se marrent à n'en plus pouvoir. L'archevêque entend parler de sa popularité, et décide de s'en servir et de l'envoyer évangéliser les membres d'un club de nudistes, dont la devise est : "Pas de téléphone, pas de télévision, pas de politique et pas de religion !"

Notre curé, tout honoré qu'on lui confie une mission, part dans sa voiture qui tombe en pièce vers un destin incertain sans se douter de ce qui l'attend, ramassant en chemin des auto-stoppeuses droguées et une oie tout à fait mignonne nommée Georgette.

Robert Thomas est responsable de quelques oeuvres "glorieuses", dont LES BRÉSILIENNES DU BOIS DE BOULOGNE, visionnement épique s'il en est, et la suite de l'oeuvre dont on parle aujourd'hui, MON CURÉ CHEZ LES THAÏLANDAISES. Il est aussi l'auteur d'une pièce de théâtre nommée 8 FEMMES, adaptée au cinéma par François Ozon... Ça ne sera une surprise pour personne de savoir que son "cinéma" est théâtral, burlesque et gestuel, bénéficiant d'une mise en scène statique et figée.

Le récit de MON CURÉ CHEZ LES NUDISTES est centré autour d'un conflit éventuel entre la religiosité d'un prêtre et la morale douteuse d'un groupe de nudistes, conflit qui ne se développe jamais, ce qui rend le visionnement du film légèrement pénible. On ne comprend pas non plus pourquoi un archevêque perd son temps à vouloir évangéliser un aussi petit groupe d'individus, mais si on cherchait une quelconque motivation intellectuelle ou la véracité absolue dans une comédie aussi vide de sens que celle-ci, il faudrait aussi songer à se pendre au clocher.

Il y a bien quelques jolies filles ça et là, et des rebondissements approximatifs qui tiennent le spectateur éveillé, mais le plus affligeant de toute l'entreprise est sans doute l'état, à l'écran, de notre pote Paul Préboist. Il a terminé sa carrière dans les Lelouch début '90, et on a peine à le croire car il semble à peine tenir debout. Il est subséquemment apparu dans LES PLANQUÉS DU RÉGIMENT de Caputo, L'ÉMIR PRÉFÈRE LES BLONDES de Payet, ce qui dénote un certain attachement aux pornographes recyclés. Sa performance est ici plus que grotesque, tout pantelant qu'il est, à moitié sénile, allant de scène en scène la bouche ouverte et les yeux bouffis.

Les convictions sociales de Robert Thomas sont apparentes dans quelques scènes, où apparaît le serveur noir, Banania (soupirs). Il est bien sûr là pour courir en pagne et répondre aux ordres du propriétaire du club, qui fait preuve d'une rare condescendance à son égard, comme en témoignent des répliques telles que : "Va bronzer, mon coco !" ou encore cette perle, lors d'un bal costumé :

"-Et toi, t'es pas déguisé ?

-Mais si !

-En quoi ?

-Mais en nègre !"

C'est lourd, à la fin. En plus de Banania, on a droit à la fille du proprio qui a les seins en banane, et à tous les mecs qui se dissimulent la bite attentivement (poil de pubis féminin acceptés, mais une bite, ouh la la quelle vilainie !).

Bref, de la véritable comédie française comme on l'aime (pas) : raciste, bête et vulgaire. Ça n'est pas désagréable à regarder, mais on ne peut s'empêcher de trouver cela fort douteux, et de déplorer le fait que les films avec les titres les plus rigolos sont souvent les plus ignoblement décevants.

La jaquette est tellement incroyable que je me dois de vous la retranscrire :

MESSAGE IMPORTANT

Vous en avez assez de la mauvaise température, de rester à la maison, de tourner en rond...

Nous avons trouvé la solution à tous vos problèmes.

MON CURÉ CHEZ LES NUDISTES.

Vous aurez l'impression d'être en vacances, au soleil, au bord de la mer en plus de rire follement en suivant les péripéties d'un curé parti évangéliser les membres d'un club de nudistes malgré tout ce que cette situation a de bizarre...

Une véritable cure pour toute personne âgée de quatorze ans et plus.

Qui n'en a pas besoin en ce moment ?

Friday, March 17, 2006

The Granny (1995)

*Originalement paru sur le site du Club des Monstres*

The GRANNY aka The Granny: a Blood Relative aka The Matriarch - Luca Bercovici, 1995, États Unis, 1h25


Examinons aujourd'hui comment une famille dysfonctionnelle peut en arriver à haïr la riche mémé et être imbriquée dans un maléfice par Toutatim. Vous ne comprenez pas ? Ne vous en faites pas, même moi, je ne saisis pas tout.

On commence avec un beau flashback qu'on croirait tourné par un sous-assistant laveur de chiottes qui passait sur le plateau de la série Hercules, avec le joli Kevin Sorbo, et qui a appris quelques trucs de son oncle, caméraboy de télé communautaire. Un paysan - pas clair - et sa femme sont inquiets parce que leur fille semble possédée. En fait, elle arbore un maquillage similaire à celui de Linda Blair dans EXORCIST et elle est enchaînée à son lit, très classique tout ça. Un bellâtre vient pour la guérir du démon et y parvient au prix de quelques sacrifices.

Générique de départ. On se croirait, avec l'animation cheap et le score pompeux, dans un générique de Full Moon. Les choses ne s'améliorent guère lorsque le film débute vraiment. Kelly (Shannon Whirry, gigantesque poitrine à l'appui) est une vieille fille gauche et gênée, qui prend soin de sa grand-mère (Stella Stevens) depuis la mort de sa maman et le remariage de son papa avec une pétasse de la haute. La famille de vautours - qui s'intéresse à mémé seulement pour son fric - viennent passer, comme chaque année, le week-end de la Thanksgiving chez la matriarche, qui les déteste autant qu'elle est détestée.

Mais voilà-t-y pas que le bellâtre du flashback vient cogner à la porte, en pleine réunion de famille, pour apporter une bonne nouvelle à la vieille : elle a été choisie par une société secrète d'illuminés pour devenir immortelle et répandre l'amour universel autour d'elle. Pourquoi ont-ils attendu qu'elle soit si mal en point, mystère.

Elle se sent donc bien honorée et tout ça, et le bellâtre, qui ne laisse pas la belle Kelly indifférente, lui explique qu'elle devra faire bien attention avant de boire le jus de la vie éternelle, qu'elle doit éviter de le laisser absorber la lumière du soleil sans quoi elle risque un grand danger, etc. Exit le bellâtre, et Kelly, qui espionnait leur conversation, s'empresse d'entrer dans la chambre ET D'OUVRIR LES RIDEAUX, ENVOYANT DE PLEIN FOUET UN RAYON DE SOLEIL SUR LA BOUTEILLE.

Ceux qui n'ont pas vu le film pourraient croire qu'elle l'a fait exprès, mais je vous jure que c'est en toute innocence... Plus tard, elle demandera même à la grand-mère : "Que voulait l'homme qui est venu te voir ?"

Bref, grâce à la cervelle d'oiseau de la belle Shannon et du scénariste, on aura droit au maléfice en question qui s'abat sur la famille de cons qui ne nous est absolument pas sympathique. Que l'excitation d'une production cinématographique absolument emballante commence !

Tourné par un pied - et ce n'est pas celui de Daniel Day-Lewis dans MY LEFT FOOT, croyez-moi - et joué par des orteils engourdis, THE GRANNY est le genre d'épreuve d'endurance que vous ne souhaiteriez même pas à votre pire ennemi. Le réalisateur, Luca Bercovici, qui joue aussi le bellâtre ténébreux par qui le malheur arrive, est un acteur de seconde zone qui a comme distinction principale sur son CV l'honneur d'avoir écrit et réalisé le premier GHOULIES, en 1985. Comme vous voyez, on vole déjà à très basse attitude dès le départ...

Le style TV movie n'a jamais été aussi flagrant, et la direction d'acteurs est ici tellement nulle qu'on la dirait absente. Y'a des trous plein le scénario et les one-liners déplorables y grouillent comme de la vermine particulièrement tenace.

Je ne voudrais pas nommer de noms pour désigner qui joue le plus mal car mon mandat n'est pas de dresser la liste de la distribution au grand complet. Je me contenterai de désigner Stella Stevens (INVISIBLE MOM de Fred "cheap" Olen Ray, la série télé SANTA BARBARA, MONSTER IN THE CLOSET...) d'un doigt accusateur. Et pourquoi pas cette gourde de Shannon Whirry, jolie mais tellement idiote, qui nous donne ici à voir, pas trop longtemps malheureusement, deux des raisons qui ont aidé sa carrière à atteindre des sommets avec un caméo dans ME, MYSELF & IRENE. Dernière pin-up, Heather Elizabeth Parkhurst, qui personnifie avec brio une nièce nymphomane qui essaie de s'envoyer son oncle, en exhibant fièrement devant lui deux énormes lolos siliconés, et qui a probablement fait la même chose dans SILENCE OF THE HAMS, parodie italienne à faible teneur intellectuelle - mais dont la distribution comptait, étonnamment, Henry Silva.

THE GRANNY est donc un film douloureux, peu crédible, qui ô surprise a tout de même du rythme et comporte quelques moments gore amusants, mais qui est la plupart du temps un ratage complet et irrémédiable. La formule sexe et sang - pas de rock n' roll ici - s'essoufflant déjà en '95...

Thursday, March 16, 2006

Foxtrap (1986)

*Originalement paru sur le site du Club des Monstres*

FOXTRAP - Fred Williamson & Jean-Marie Pallardy, 1986, Italie/France/États Unis, 1h28


Fred Williamson est ici Thomas Fox, un type possédant un bureau à L.A. mais n'étant pas tout à fait "détective privé". Quel est son boulot, alors ? On ne le saura jamais. Toujours est-il qu'un bon jour, il arrive au boulot pour trouver des malfrats dans son bureau, qui lui foutent une raclée. Que sont-ils venu faire là ? Lui demander de l'aide ! Belle façon de s'introduire. Un petit sexagénaire trapu, J.T. (Christopher Connelly, icône du cinéma italien fauché des années '80, aperçu entre autres dans DJANGO STRIKES AGAIN ou encore NIGHT OF THE SHARKS du réputé Tonino Ricci...), lui demande de se rendre en Europe pour retrouver une certaine Suzanne, membre de la famille, sans lui expliquer pourquoi, mais il le paie grassement. Malgré quelques protestations à l'effet que Williamson n'est "pas un détective privé", il accepte la mission. Et c'est là que ses "ennuis" vont commencer.

Là aussi qu'on se rend compte que Williamson n'est pas forcément doué pour la réalisation. Je n'ai jamais vu ses autres productions, mais on a ici droit à un film pas très dynamique, que le doublage français dont j'ai dû souffrir n'améliore guère.

Le rythme est mou, et on ne comprend pas trop ce qui se passe. Williamson ne semble pas savoir ce qu'il fait, dans la peau de son personnage, et son "enquête" ressemble fort à des errances, dont les stratégies ne sont pas les plus brillantes qui soient. Il se fait battre à répétition par les hommes de main des ennemis qu'il se crée partout, roule en bagnole, se tape une nana, et tout ça n'a pas l'air authentique une seule seconde.

Le comble de l'étrange est atteint alors que le co-locataire de la fille chez qui il fricote (une certaine Arlene Golonka, assez mignonne, ayant fait un détour chez le DR. ALIEN en '8 , un black vaguement efféminé qui ne dédaigne pas jouer du couteau, se débarrasse de quelques vigiles en exécutant des pas de ballet dans un jardin intérieur !?

Les dialogues sont particulièrement juteux, perdant souvent leur impact à cause d'un doublage sans queue ni tête. Williamson semble marmonner sans enthousiasme une série de lieux communs à n'en plus finir, et il gagne sans contredit la palme du doublé le moins convaincant de l'histoire récente du cinéma cheap.

Tout ceci est peut-être dû à la présence (non créditée) de Jean-Marie Pallardy comme réalisateur de l'équipe française. Il se réserve même un petit rôle de loubard entouré de nanas en bikini. Quand il rôde dans les parages d'une production cinématographique, celui-là, il faut toujours s'attendre au pire !

FOXTRAP est donc une série B fauchée mais toutefois sympa, pas très convaincante, mais c'est sans doute sa bancalité qui fait son charme. À voir... pour rire.

Phrase culte :

Christopher Connelly à une junkie en mini-jupe : "Des nanas dans ton genre, y'en a plein les poubelles !"

Sunday, March 12, 2006

Slumber Party Massacre II (1987)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres*

SLUMBER PARTY MASSACRE 2 aka Slumber Party Massacre: The Sequel aka Don't Let Go, Deborah Brock - 1987, 1h30, États Unis


Courtney, la petite soeur de l'héroïne du premier SLUMBER PARTY MASSACRE, est une jeune frisée au goût vestimentaire déplorable qui joue de la guitare dans un groupe de poulettes et qui fantasme sur un petit mec footballeur de son école. Elle fait fréquemment des mauvais rêves mettant en scène un tueur rock n' roll hilarant, entièrement vêtu de cuir - franges inclues ! - et joueur de guitare... D'ailleurs sa guitare est le prototype "métal" le plus hilarant jamais créé par l'homme; d'une forme impossible à décrire, son manche se termine par une énorme "drill" mise en marche à volonté.

Bref, Courtney a bien envie de partir en week-end avec ses amies, en sachant bien entendu qu'ils seront rejoints un peu plus tard par des garçons libidineux. Elle a un peu de mal à convaincre sa maman, mais y parvient et les voilà parties pour un week-end de "jams", de beuveries et de rigolade, avec leurs petits amis obsédés et... les hallucinations sadiques de Courtney qui viendront ponctuer les festivités d'une façon de plus en plus régulière.

Inséré dans la série entre deux films relativement sérieux - certains diront "cons" - cette suite fait figure de curiosité. Pesudo-comédie qui s'ignore, il est tout simplement incroyable de voir qu'une idée de base aussi farfelue se soit ainsi concrétisé ! Il faut voir le "rockabilly" en question pour le croire. Ses apparitions sont ponctuées de danses, de fumée excessive, de "one-liners" hilarants et d'une impression indéniable de ridicule. On a droit à un numéro de danse / stalking au son d'une chanson assez drôle merci ("I Can't Stop... Loving You") qui est joyeusement inappropriée. Toutes ces aberrations empilées successivement nous rendent presque le tueur sympathique !

Le fait que le film ait été réalisée par une femme - supposément en réaction au sexisme habituel des "slashers" - et que le tueur officie avec une perceuse est assez révélateur de l'imagerie phallique freudienne qu'on tente d'insérer dans le propos. La mèche est assez grosse merci, s'introduit partout sans demander son reste et est en général non désirée par les pauvres victimes trouées, ce qui nous renvoie à un concept de viol en série - ce qui aurait été beaucoup plus amusant pour les sadiques et pervers de ce monde, et probablement aussi pour les recettes du film !

Crystal Bernard, qui était déjà une "child star" - étant entre autres apparue dans la série HAPPY DAYS AGAIN en '82 - lors du tournage, n'a pas vu sa carrière télévisuelle prolifique menacée par ce choix douteux, et officie toujours, de nos jours, sur le petit écran américain. Kimberly MacArthur, la meilleure amie de Courtney, une blonde à la poitrine imposante, fut "Playmate of the month" en janvier '82 et ne semble pas vouloir se déshabiller malgré la promesse entrevue pendant son court séjour en bikini. Elle est subséquemment apparue dans l'édifiante série SANTA BARBARA et on n'entend plus parler d'elle depuis. Juliette Cummins, la chanteuse du groupe et aussi celle des quatre qui semble faire preuve de plus de libido - et qui est toujours en jupe ! - est une "spécialiste" de l'horreur de l'époque; elle a fait ses débuts dans HIGHWAY TO HELL en '84, pour enchaîner avec FRIDAY THE 13TH : A NEW BEGINNING l'année suivante, et PSYCHO 3 en '86. Sa carrière de pin-up s'est vu interrompue en '90 juste après CLICK : THE CALENDAR GIRL KILLER. Heidi Kozak, qui complète le quatuor en tant que percussioniste, est elle aussi apparue dans un épisode de la série FRIDAY THE 13TH, le 7e, THE NEW BLOOD, et aurait même souffert d'hypothermie alors qu'elle devait rester nue dans l'eau glacée pendant des heures ! Elle fut aussi en '89 la Shauna de Yuzna pour SOCIETY.

Atanas Ilitch, le rocker-tueur, n'a pas fait grand chose outre ce film. On comprend mal pourquoi. Quant à la réalisatrice, Deborah Brock, elle a signé deux autres films après celui-ci, et a aussi produit le chef-d'oeuvre HONEY, I BLEW UP THE KIDS en '92. On est tous fiers de sa contribution au domaine cinématographique. Il faut cependant signalé qu'elle a co-produit le BUFFALO '66 de Gallo en '98, ce qui peut servir de "ratrappage" à nos yeux impitoyables.

Globalement, outre les réactions irrationnelles des personnages - ce qui est de toute façon typique du genre - et les rêves légèrement redondants et "prédicateurs" de Courtney, ainsi qu'une fin tout à fait incompréhensible et un niveau de nudité assez bas, SPM2 est une fort bonne cuvée '87 qui se déguste avec le sourire, sans ennui, et qui nous donne ce qu'on s'attend à recevoir : du gros fun con.

Friday, March 10, 2006

Lightblast (1985)

*Originalement paru sur le site du Club des Monstres*

LIGHTBLAST aka Colpi di Luce - Enzo G. Castellari, 1985, Italie, 1h26 


Au son d'une musique diablement analogue, un couple s'adonne à une traque érotique du plus bel effet dans un enchevêtrement sensiblement abandonné de wagons de marchandises. Alors qu'ils s'apprêtent à commettre l'irréparable, c'est-à-dire forniquer sans être mariés (ah les vilains !), une équipe de fous furieux balance une giclée de rayon lumineux dans une horloge non loin, et tous les métaux répondant présent dans un rayon de 40 mètres se mettent à fondre, tuant sur le coup les tourtereaux, juste à temps pour éviter qu'ils ne s'enfilent.

Les fous furieux, ce sont principalement un scientifique zélé et son équipe de soumis, le scientifique en question ayant été expulsé de l'université de San Francisco suite à un obscur accident de labo. L'est fâché, le savant, et il menace de faire fondre SF au complet si le maire ne lui donne pas 5 millions, pis tout de suite ! La police est donc sur les dents, et puisqu'il faut un héros, ce sera donc le ventru Erik Estrada qui se collera au boulot !

Voilà un bien étrange film ! Réalisé par un maître du thriller d'action, Enzo G. Castellari, fils de Marino Girolami, Sam Peckinpah du pays en forme de botte, dont le montage a influencé Soderbergh et probablement beaucoup d'autres, dont l'utilisation du ralenti dans les séquences d'action a changé la façon de voir le monde de John Woo, Enzo donc a habituellement tout pour plaire. Comment peut-il être ici aussi mou ?

Pas mou, mais disons... inconsistant. La réalisation ne manque pas de punch, et les quelques poursuites, à peu de choses près, sont haletantes et explosives, bourrées de cascades et de musique rigolarde - d'ailleurs, le score entier est dû aux frères De Angelis, célèbres guignols ayant souvent travaillé avec Enzo, mais ayant légèrement perdu leur souffle ici. Les chansons sont entraînantes et amusantes, mais les sonorités aujourd'hui désuètes employées un peu partout font sourire.

Toutefois, le scénario est quelque peu confus, et pas très original. Il faut dire que les épaules d'Erik Estrada, pourtant fort larges, n'arrivent pas à soutenir grand chose et que dès qu'il ouvre la bouche, on a envie de rigoler, alors impossible de le prendre au sérieux. Comme "action hero", on a vu mieux ! Disons que l'idée du rayon "fondant" est un peu aberrante et que l'explication abracadabrante qui l'accompagne immanquablement n'est pas très convaincante ! Lorsque l'on découvre qu'Enzo lui-même est derrière l'idée, on commence à comprendre qu'il a voulu se péter un trip et que ça n'a tout simplement pas fonctionné...

D'ailleurs, ses "marques de commerce" - montage éclaté, ralentis bienvenus dans les séquences d'action - sont ici étonnamment absentes, comme s'il avait voulu se contraindre à la simplicité du film d'action à l'Américaine, avec un héros ethnique et des criminels implacables.

La technique employée à quelques reprises dans le film pour donner l'illusion que les acteurs fondent est aussi fort surprenante. Je ne veux vendre aucune mèche, mais disons qu'elle implique de la pâte à modeler et beaucoup d'inventivité, produisant un effet saisissant !

On remarque dans le rôle du savant fou un parent d'Enzo, Ennio Girolami, qui a participé à énormément de productions réalisées par le grand Castalleri. Et un caméo de Massimo Vanni, qui vient se faire exploser la tronche pour vite retourner dans l'oubli tout de suite après. Un Castalleri qui n'est donc pas essentiel, mais qui, si pris à la légère, se révèle être une véritable rigolade. Ce qui fait du bien.

Thursday, March 09, 2006

Rage to Kill (1987)

*Originalement publié sur le Club des Monstres*

RAGE TO KILL aka Code Name: Vengeance - David Winters, 1987, États Unis, 1h36

Garden-party dans une république de bananes. Tout le monde s'amuse ferme dans une villa luxueuse avec piscine et poufiasses en prime. Mais la fête est vite gâchée par des mercenaires et un hélicoptère qui arrivent et se mettent à tirer dans le tas, n'épargnant que le gouverneur et sa femme pour ensuite les flinguer devant leur jeune fils après que le papa eut déclaré à un Oliver Reed étonnamment pas si suant que ça : "Épargnez ma famille, ils ne font pas de politique". Quand un officier descend le gamin qui se débine, Reed nous prouve qu'il est humain en lui flinguant le genoux et en le laissant sur les lieux du massacre.

Pendant ce temps, en Amérique, patrie de la liberté par excellence, on s'inquiète. C'est que voyez-vous, sur l'île en question, maintenant contrôlée par Oliver, y'a des étudiants de toutes provenances géographiques, dont un bon contingent d'américains. Et le gouvernement, grand coeur, veut les tirer de là. On envoie donc l'ami James Ryan, bellâtre musclé, et frère d'un des universitaires prisonniers. J'vous dit que ça va barder.

Sous-genre particulièrement pénible des années '80, le "film de révolutionnaires sud-américains" est entré de plein fouet dans la série B avec entre autres quelques perles mettant en vedette Christopher Walken. Tout le monde a voulu tenter sa chance, et voici ce que l'ami David Winters (THE LAST HORROR FILM, WELCOME TO MY NIGHTMARE d'Alice Cooper...) nous a concocté.

Action à la manque, soldats hispaniques mal costumés qui font des pirouettes lors des orgies de pyrotechnie à deux sous, une romance à peine esquissée, et quelques paires de seins. Voilà donc la recette du "film de révolutionnaires sud-américains". Ajoutez la présomption d'un conflit nucléaire à venir - on abrite supposément des missiles dans une espèce d'usine tenant à peine debout - et vous obtiendrez ma foi un film plutôt pénible.

Oliver Reed, principale raison du visionnement, est non moustachu, empâté et plutôt immobile. Il a droit à une scène de lit avec deux cruches déshabillées qui dure à peine dix secondes. Sa voix, dans la VF, est d'une ringardise absolue. James Ryan (KICKBOXER 5, et une flopée de titres réalisés par Winters), le bellâtre de service, a lui aussi droit à un doublage odieux, et sa gueule d'oiseau de proie en sueur n'est pas très sympa.

Le film ne manque pas de rythme mais son pire défaut est de ne jamais nous intéresser au récit en cours de route. Car non seulement tout cela n'est-il pas très crédible, mais c'est en plus indiciblement barbant. On se fout de la destinée des personnages comme de notre première goutte de pluie et c'est d'un oeil morne qu'on regarde les scènes défiler les unes après les autres, priant le dieu VCR pour le jour où cet ennui à deux bobines s'arrêtera.

P.S. - La jaquette porte le sous-titre "Code Name : Vengeance", mais selon IMDb, il s'agit d'une autre production de Winters, filmée en '87... Allez savoir pourquoi, mais j'ai pas du tout envie de démêler cette énigme...

Wednesday, March 08, 2006

Blood Nasty (1989)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres (www.clubdesmonstres.com)*

BLOOD NASTY - Richard Gabai/ Robert Strauss , 1989, États Unis    


Tagline : SHE DIDN'T WANT TO WHEN SHE WAS ALIVE. SHE DIDN'T HAVE A CHOICE WHEN SHE WAS DEAD.

Tourné à : L.A. et partiellement dans une maison en carton.

Musique : bouillie de bas étage.

Ray est le musclé de l'équipe, mais il doit prendre un avion. Ils sont trois; il y a avec lui une pétasse mal fagotée, et un type louche qui prétend être le cerveau. Cette équipe de choc déterre un cadavre de colombien pour lui voler... une bague en or. Une fois cela fait, Ray essuie un vilain coup de pelle derrière la tronche et tombe... dans la tombe. Un pieu à travers le bide l'achèvera. Il a raté son avion parce qu'il est mort, mais ce n'est pas grave, parce que celui-ci explose en plein vol. Il décide donc de revenir à la vie et d'aller se balader du côté de L.A. avec son pieu dans le ventre.

Vous l'aurez deviné, ça ne vole pas haut. Le résumé est délibérément confus, pour tenter de traduire en mots l'inanité de l'intrigue. Il est question d'assurances, d'un drame familial caricatural, de l'utilisation excessive de quelques jurons américains fort répandus... Le personnage principal, un "beach bum" de mauvais augure, est pathétique dès le début, particulièrement lorsqu'il tente de faire passer un peu de schizophrénie dans son jeu. Il traîne un ridicule accent sud-américain qui fait froid aux couilles.

On s'amuse un peu, beaucoup, selon l'humeur, et les situations confuses et improbables se succèdent à un rythme assez vif qui nous évite l'ennui. Linnea Quigley vient faire un tour et en profite pour se foutre à poil dès qu'elle en a l'occasion - nous ne sommes donc pas dépaysés - et feu Troy Donahue se remet de son rôle dans OUTRAGE avec un caméo d'agent d'assurance à chemise imprimée. Le gore est amusant, mais pas très graphique, et l'esthétique kitsch très 80's peut devenir risible assez rapidement. Un document précieux sur l'art nord-américain des années '80.

Tuesday, March 07, 2006

The Surrogate (1984)

*Originalement publié sur le site du Club des Monstres (www.clubdesmonstres.com)*

The SURROGATE aka Blind Rage - Don Carmody, 1984, Canada, 1h40


Qu'arrive-t-il quand, en 1984, les gus de Cinépix considèrent avoir tout essayé pour percer le marché québécois et se contentent de ne récolter que des échecs, sans parler de cette haine tenace que leur vouent les pseudo-sociologues en soutane de Médiafilms, attribuant systématiquement la cote 7 (minable) à tous les films qu'ils distribuent ou produisent ?

Ils assument leur statut de société de production dite "de genre" et se lancent dans les thrillers semi-érotiques pour un marché anglophone.

Co-produit avec Télé-Métropole, THE SURROGATE avait à mes yeux toutes les apparences d'une curiosité : tourné à Montréal avec Carole Laure, la reine du bis québécois; Shannon Tweed, la reine du tweed - euh pardon, des cheapies érotiques de l'époque; et Michael Ironside, maître incontesté de la production douteuse, sosie pâlot de Jack Nicholson, et ayant à son actif depuis 1977 plus de 123 rôles dans des productions aussi glorieuses que TOP GUN, "V" ou encore TOTAL RECALL.

C'est donc avec une certaine appréhension que j'insérai l'objet dans mon VCR, la main tremblante et l'oeil ému. Bilan : ça m'a tout de même pris trois jours avant de le terminer.

On commence avec Frank (Art Hindle, qui a fait ses classes notamment avec Bob Clark dans BLACK CHRISTMAS, puis dans INVASION OF THE BODY SNATCHERS, THE BROOD de Cronenberg, puis les deux premier PORKY'S), un honnête vendeur de voitures marié à la belle Shannon Tweed, qui a un léger problème : il ne contrôle pas ses sautes d'humeur et pète les plombs plutôt facilement. Monsieur fait des petites crises et se pète des "black outs".

Il n'apprécie pas vraiment la relation très "fag hag" qu'entretient sa femme avec un ami homo (Jim Bailey, grinçant et "drama queen" au possible) et a du mal à faire face avec son impotence et ses problèmes de couples. Sa psychiatre lui conseille d'essayer une "surrogate", spécialiste des fantaisies sexuelles chargée de faire renaître la flamme de la passion dans le ménage. Tandis qu'Ironside traîne sa gueule découragée de gauche à droite à la recherche du coupable de la série de meurtres qui sévit en ville, "l'exotique" Carole Laure fait de son mieux pour faire bander l'ami Frank.

Routinier et manquant parfois de logique, le récit se laisse découvrir sans hâte, ne nous réservant que peu de surprises mais étant présenté dans une enveloppe tellement soporifique qu'on ne flaire rien. On regarde sans juger, bercé par le rythme étudié du récit sans queue ni tête, luttant avec notre incrédulité naissante et la vision apaisante des mamelles fort maternelles de Miss Tweed.

THE SURROGATE peut être amusant si on n'est pas rancunier et si l'on a envie de visionner une curiosité d'époque, musique fromagée et garde-robe inclus. Je ne vous demanderai qu'une chose : ne me blâmez pas pour vos crises de fluorescence.

Monday, March 06, 2006

Trick or Treat (1986)

*Originalement publié sur le Club des Monstres (www.clubdesmonstres.com)*

TRICK OR TREAT - Charles Martin Smith, 1986, États Unis, 1h38

Eddy, un fan de métal chevelu, martyrisé par ses collègues d'étude du lycée, passe ses frustrations dans sa musique, et canalise ses énergies négatives par une admiration sans bornes pour Sammi Curr, sorte de sous-Ozzy Osbourne croisé avec Blackie Lawless sur la coke. Alors qu'une demoiselle de son école lui démontre un certain intérêt, Eddy apprend avec effroi que son idole Sammi est mort brûlé vif dans sa chambre d'hôtel. Sous le choc, il saccage sa chambre d'ado malpropre et découvrira en foutant le bordel que le dernier vinyle de Curr, lorsque joué à l'envers, dissimule un message d'espoir satanique qu'Eddy prendra au mot.

Exploitant la vague métal et l'inquiétude toute relative des parents de "chevelus" devant les hobbies douteux de leur progéniture, TRICK OR TREAT a au moins le mérite d'amuser. On sourit non seulement devant la coupe de cheveux de Marc Price (jeune routier de la télé aux USA, dont le seul fait d'armes digne de mention, outre celui dont on traite ici, est son apparition dans KILLER TOMATOES EAT FRANCE !), mais aussi devant la garde-robe plus que suspecte de la plupart des acteurs présents à l'écran.

Comme analyse d'une admiration obsessive, on a déjà vu mieux, mais l'absence de longueurs et l'élément "spectacle" de TRICK OR TREAT compensent pour son manque d'originalité. Les coupes de cheveux et la galerie de sales gueules valent le déplacement ! Tony Fields, qui interprète le personnage de Sammi Curr, et dont la carrière semble s'être arrêtée en 1994, est juste assez grotesque pour éviter de justesse l'hilarité. Ses grimaces et ses pirouettes n'ont d'égal que la quantité de spraynet vaporisée dans sa chevelure...

C'était là le tout premier film réalisé par Charles Martin Smith, précédemment cantonné au rôle d'acteur pour un tas de films fort oubliables. Sa carrière de réalisateur ne s'est malheureusement pas arrêtée là, et il a récemment tourné pour le compte de Disney le chef-d'oeuvre AIR BUD, le chien joueur de football.

Il est à noter que la musique du film, un ramassis de hair métal mélodieux et plutôt fromageux, a été composée par le groupe Fastway, qui allait tomber dans l'oubli aussi rapidement qu'un crachat sous la pluie. TRICK OR TREAT comporte deux caméos de rock stars fort amusants. Gene Simmons apparaît en animateur-vedette d'une émission de radio hard rock, et Ozzy Osbourne fait une apparition hilarante que je vous laisse bien entendu le plaisir de découvrir par vous-même.

Saturday, March 04, 2006

The Brain (1988)

The BRAIN - Ed Hunt, 1988, Canada / États Unis, 1h34

Dans une petite ville reconnue pour l'ineptie de ses habitants (Toronto pour les initiés), une organisation "scientifique" faisant la promotion d'une nouvelle philosophie sociale (le "independent thinking", vague et flou) prétend guérir les maladies mentales, les désordres caractériels et diffuse pour s'en vanter, sur les ondes locales, une émission plate avec pour tête d'affiche le docteur Blakely (David Gale, un vétéran du cheap ayant connu son heure de gloire dans RE-ANIMATOR en '85, et sa suite en '90). On se demande comment il peut captiver toute la ville et faire exploser les cotes d'écoute tellement il est mièvre et vide de toute substance, mais voilà, il y a une astuce.

Pendant ce temps en ville, le jeune Jim Majelewski, entre deux tentatives de se taper sa copine blondasse effarouchée, multiplie les indisciplines et se fait ennemi de la plupart de ses professeurs, qui finissent par l'obliger à aller se faire "arranger le caractère" à la clinique futuriste du Dr. Blakely. Il y découvrira une entité caoutchouteuse qui justifie le titre du film et qui semble exercer une forte emprise sur les esprits simples de la ville...

Légendaire film canadien trash, THE BRAIN a mis un certain temps pour faire son chemin jusqu'à mon magnétoscope. Avec raison ! Cette fable abracadabrante est plutôt douteuse, quoique fort amusante par son manque de scrupules et de crédibilité. On ne ressent aucun "plaisir communicatif" et il semble clair que le but de l'entreprise était de faire peur ou d'inquiéter, alors que c'est aujourd'hui complètement daté.

Tom Bresnahan interprète Majelewski assez naïvement, ce qui ajoute au ridicule. Il conduit une vieille Cadillac délabrée et se comporte comme un jeune loubard agaçant. Sa petite amie, Cynthia Preston, porte des vêtements révoltants de mauvais goût du début à la fin et est, malgré le "soin" apporté à sa garde-robe, peu convaincante. Elle est quand même apparue dans PIN la même année et dans PROM NIGHT 3 : THE LAST KISS en '89, ce qui dénote un flair hors normes pour la détection des scénarios de qualité, et un agenda social probablement très bien rempli.

On s'amuse donc de la maladresse de l'ensemble, quelques éléments venant rehausser la qualité du visionnement, notamment une infirmière sexy, le monstre ridicule qui grossit d'une scène à l'autre, et un complexe scientifique rétro-futuriste qui apporte une touche de bonheur visuel plutôt bienvenue.

Ed Hunt est un asticot qui se prétend cinéaste et qui agite sur son CV des productions telles que UFO'S ARE REAL ('79) ou encore le néfaste BLOODY BIRTHDAY ('81). THE BRAIN serait donc le dernier film qu'il dirigea, d'une main de maître ès épilepsie, et on lui en est fort reconnaissant.

Thursday, March 02, 2006

Slave Girls From Beyond Infinity (1987)

SLAVE GIRLS FROM BEYOND INFINITY - Ken Dixon, 1987, États Unis, 1h20

Deux demoiselles en bikini de l'espace (!!) se retrouvent prisonnières d'une navette spatiale sans que l'on sache pourquoi. Elles ont l'air de deux belles cruches blondes mais parviennent tout de même à s'échapper en grimpant à bord d'un vaisseau et en parvenant à le conduire (!?). Malheureusement pour elles, la planète sur laquelle elles s'écrasent n'est pas très amicale; après avoir été repêchées sur une plage déserte par un androïde pas très causant, elles se rendent compte qu'elles ont été secourues par un certain Zed, Zaroff de pacotille à qui appartient la planète (!?!?) et qui compte bien s'offrir la tête de nos poufiasses comme trophée de chasse.

Les films de "babes" des années '80 étaient plus souvent qu'autrement conçus par des types au cerveau sous le point de congélation, comme c'est le cas ici. Ken Dixon n'a pas une carrière très touffue, mais il nous suffira de savoir qu'il fut responsable de ZOMBIETHON pour juger du talent qui l'habite.

Nous avons donc droit aux péripéties de Daria (Elizabeth Kaitan, jolie blonde à forte poitrine, abusant de spraynet à l'époque, scream queen reconnue qui a entre autres tourné dans SILENT NIGHT, DEADLY NIGHT 2 et NECROMANCER) et de Tisa (Cindy Beal, dont c'est à peu près le seul film, et c'est bien malheureux parce que la petite a de la gueule), qui rencontrent pendant leur captivité débilitante deux compagnons d'infortune, la jolie Shela (Brinke Stevens, une autre scream queen qui est apparue dans TRANSYLVANIA TWIST et a poursuivie une carrière ma foi pas très brillante) et son frère, un bellâtre quelconque qui se tapera Daria avant de finir la tête empaillée, accrochée à un mur.

Il est impossible de décrire la gratuité ahurissante de la plupart des retournements de situation; tout semble étudié pour faciliter le scénario. Les connasses doivent se rendre quelque part ? Pas de problème, au plan suivant elles y sont. Un vilain mutant les attaque ? L'accessoiriste leur lance pratiquement une arme dans les mains. Elles ont besoin de gants mégalonanarifiques pour conduire un vaisseau spatial qu'elles viennent de voler ? Regardez dans la boîte à gants, des fois que.

Le vilain Zed est interprété par un acteur qui paraît ridicule dans ses beaux pantalons de cuir, un certain Don Scribner dont c'était le premier film et qui cabotine mollement. Les "créatures" du film sont pour la plupart aberrantes, les acteurs les interprétants ayant du mal à se déplacer vêtus de ces costumes en caoutchouc probablement lourds comme les testicules de Bigas Luna...

Le doublage français semble suivre plutôt fidèlement les plaisanteries à rabais foisonnant dans le scénario, et n'enlève ni n'apporte rien à l'ensemble. SLAVE GIRLS demeure un film plutôt barbant, avec de jolies filles et un prétexte mou comme de l'eau, le genre de film qu'on ne visionne que pour ensuite s'en débarrasser d'un geste nonchalant.

Wednesday, March 01, 2006

Hellraiser : Inferno

*Originalement paru sur le site du Club des Monstres (www.clubdesmonstres.com)*

HELLRAISER: INFERNO - Scott Derrickson, 2000, États Unis, 1h39

Cinquième "épisode" de la célèbre série créée par Clive Barker, après une troisième partie "over-the-top" pas si vilaine que ça et un film à sketches en guise de quatrième partie, celui-ci fut distribué directement en vidéo, sans arrêt par le grand écran. Et c'est dommage ! Car le film est bien meilleur que les mièvreries habituelles qu'Hollywood nous sort...

La descente du personnage principal vers l'enfer pas confortable du tout que lui procurent Pinhead et ses cénobites est originale et efficace, et garde beaucoup de jus pour les vingt dernières minutes, qui remettent les pendules du spectateur somnolent à l'heure. On nous sert un récit sur la rédemption, avec maints retournements de situation, un léger manque de logique qui finit par s'expliquer, et énormément de sang !!

C'est bien entendu de la série B, avec tous les défauts inhérents aux films américains "moyens" - performances mitigées, style visuel... télévisuel - mais l'interprète du personnage principal, Craig Sheffer (le Cabal de NIGHTBREED !!), s'en sort plutôt bien. Avec son air légèrement dément et sa gueule inquiétante, il a très bien été "casté".

Nicholas Tururro, le frère de John, qui vit bien évidemment dans l'ombre de son célèbre frangin, joue son co-équipier. Et pis Scott Derrickson, à part quelques films inconnus, n'a pas fait grand chose d'éclatant à moins qu'on considère sa participation au scénario de URBAN LEGENDS : FINAL CUT comme un fait d'arme digne de mention. Ce ne sont toutefois pas les artisans qui font ici la force du film, mais son scénario et l'honnêteté de la réalisation, ce qui fait qu'on passe du bon temps même si un organisme comme, disons, Médiafilms (pour garder une certaine constance dans nos choix de boucs émissaires...) n'attribuera jamais de cote "gentille" à une telle oeuvre.